Les Soudanais qui exigent de l'armée la remise du pouvoir au civil, ont entamé dimanche un mouvement de "désobéissance civile" dans un climat de tension croissante marqué par la violente dispersion le 3 juin, d'un sit-in à Khartoum qui avait fait des dizaines de morts et suscité l'indignation dans le monde. Lancée par les chefs de la contestation contre le Conseil militaire de transition (CMT) quelques jours après une grève générale de 48 heures, la campagne nationale de "désobéissance civile" a été marquée au premier jour, par des tirs de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui tentaient d'ériger des barrages routiers à Bahri, quartier du nord de la capitale, selon des médias. La circulation automobile était, par ailleurs, réduite dans la capitale alors que les transports en commun semblaient absents. La plupart des commerces sont restés portes closes, d'après des correspondants de presse sur place. Le trafic aérien a été également touché par le mouvement de désobéissance civile. De nombreux passagers attendaient dimanche matin devant l'aéroport, selon la même source. "L'armée, le peuple et les forces politiques doivent faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays", avait déclaré M. Ahmed dans un communiqué. Les négociations entre les parties en conflit ont été suspendues le 20 mai, chaque camp voulant prendre la tête de cette transition. Durant la visite vendredi du Premier ministre éthiopien, les militaires se sont dits "ouverts aux négociations" mais l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) a opposé des conditions dont une enquête internationale sur le "massacre" du sit-in. Par ailleurs, la situation au Soudan continue de susciter la préoccupation de la communauté internationale. L'Union africaine (UA) a exhorté samedi les acteurs étrangers à éviter toute ingérence au Soudan. L'appel urgent a été lancé par le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, dans un communiqué dans lequel il a souligné la nécessité de trouver "des solutions élaborées par le Soudan" à la crise politique en cours dans le pays. Pour sa part, l'Union européenne (UE) a exhorté le CMT à "cesser immédiatement les actes de violence et à mener à une enquête crédible et sérieuse sur les actes de violence orchestrés contre les manifestants". Et la Ligue arabe a appelé les parties soudanaises à éviter toute action susceptible d'entraîner "une escalade de la tension" et à ne pas s'écarter de la voie pacifique nécessaire à la bonne conclusion du processus de transition politique dans le pays.