Traiter un cancer nécessite un gros plateau technique, d'où l'intérêt de privilégier des actions de sensibilisation et de prévention. Le cancer est en train de devenir un véritable problème de santé publique. Chaque année, quelque 30 000 nouveaux cas sont recensés, et les structures spécialisées sont dépassées eu égard au nombre important de malades à prendre en charge. Maladie chronique et surtout douloureuse, son traitement exige des équipes médicales multidisciplinaires des drogues de chimiothérapies coûtant très cher, en plus de la radiothérapie et souvent des interventions chirurgicales lourdes. Toutes les politiques en matière de lutte contre le cancer privilégient la prévention et le dépistage précoce, ce sont justement ces buts que vise la toute nouvelle ligue qui a tenu ce jeudi son assemblée générale constitutive au Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger (CPMC). Initiée par Yazid Chalal, la Ligue algérienne contre le cancer vient à point nommé pour combler un vide, car les associations existantes apportent surtout les aides qu'elles peuvent pour les malades. Quant à la ligue, elle s'attellera à lutter contre les néoplasies en mettant en avant la recherche et en menant des enquêtes épidémiologiques pour mieux comprendre les facteurs favorisants et les mécanismes déclenchant la pathologie. La ligue apportera des outils indispensables qui manquent aux praticiens qui ont des connaissances scientifiques puisées dans des livres et des revues publiées à l'étranger et ignorant la réalité épidémiologique algérienne. Le cancer n'est perçu que comme maladie déclarée, or dans tous les pays du monde, la tendance est à la prévention. “Nous mènerons des campagnes d'information et de sensibilisation en direction des citoyens pour les inviter à cesser de fumer, à respecter leur hygiène de vie et leur environnement. Par ce genre d'action, nous pourrons diminuer le nombre de malades”, déclare Yazid Chalal. Pour sa part, le Pr Kamal Bouzid, chef de service d'oncologie au CPMC, estime que les facteurs favorisant l'apparition du cancer sont “la pollution de l'eau et de l'air, l'usage des pesticides et le vieillissement de la population. Au rythme où vont les choses, il n'est pas à exclure l'augmentation du nombre de cancéreux, et les projections prévoient 60 000 nouveaux cas à l'horizon 2010”. Vu l'importance du projet, plusieurs personnalités du monde médical ont décidé d'adhérer à la ligue. Le chanteur Aït Menguelat est lui aussi membre fondateur, et compte apporter son aide. Dans les tout prochains jours, le conseil d'administration élira les membres du bureau, et la ligue sera alors en mesure d'activer sur le terrain. SaId Ibrahim