Après s'être égarée loin de ses missions syndicales, accusée de compromission à la fois avec le pouvoir et avec le patronat, l'Union générale des travailleurs Algériens (UGTA) va bientôt, en toute logique, retrouver sa vocation qui est de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs et tenter, enfin, de construire son autonomie par rapport au pouvoir. Les préparatifs de son 13ème congrès, prévu les 21 et 22 juin, en vue d'élire une nouvelle direction, ont été lancés, a fait savoir le Secrétaire national chargé des relations générales, Ahmed Guettiche, cité par l'APS. Le prochain congrès "sera consacré à l'élection d'une nouvelle direction et à la présentation d'un rapport sur les activités de l'UGTA durant ces dernières années", a-t-il dit. On sait que l'actuel secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, ne déposera pas sa candidature pour un cinquième mandat (son mandat actuel, le 4ème, devait initialement prendre fin le 10 janvier 2020). En janvier 2015, à l'hôtel Aurassi à Alger, le 12e congrès de l'UGTA avait carrément plébiscité, dès le premier jour des travaux, Abdelmadjid Sidi Saïd pour un 4e mandat de cinq ans au poste de secrétaire général. "Ce plébiscite fait suite au rôle important assumé par Sidi Saïd lors du précédent mandat pour la préservation des emplois, le soutien de la production nationale, et la sauvegarde de la stabilité et de l'unité de l'UGTA", avait indiqué une motion lue par le président du bureau du Congrès. En juin prochain, de nouveaux statuts et un nouveau règlement intérieur de l'UGTA seront proposés au congrès. Selon M. Guettiche, il est prévu également l'élaboration d'un avant-projet relatif aux textes juridiques de l'Union, à débattre et à enrichir par les structures locales de l'organisation syndicale, avant de le soumettre au 13ème congrès pour son adoption en tant que document officiel. La commission nationale chargée de la préparation du congrès comprend les fédérations nationales, les unions de wilaya et les membres de la commission exécutive nationale, outre les secrétaires généraux des fédérations nationales des différents secteurs. Mercredi dernier, à l'occasion du 1er mai, des centaines de syndicalistes et de travailleurs se sont rassemblés devant le siège central de l'UGTA à Alger, pour réclamer le départ du secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd. Les manifestants, venus de plusieurs régions du pays, ont scandé des slogans hostiles à Sidi Saïd et en déployé des banderoles portant des inscriptions comme "Oui pour une UGTA des travailleurs". Deux semaines avant, un rassemblement de syndicalistes s'était tenu près de la Maison du Peuple pour réclamer le départ du SG de l'UGTA "Nous voulons récupérer l'UGTA et la mettre au service des travailleurs, en la remettant sur la voie tracée par feus Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda", réclamait alors un des syndicalistes, regrettant que depuis "l'arrivée de Sidi Saïd à la tête de l'UGTA, la centrale syndicale est au service du patronat ». D'autres syndicalistes et travailleurs avaient saisi l'occasion pour réitérer leurs revendications sociales. Dernièrement, sur les ondes de la radio nationale, Amar Takjout, membre du secrétariat national de l'UGTA, a pointé du doigt ceux qui contestent aujourd'hui ses dirigeants, mais qui n'ont en pas moins profité à outrance du système jusqu'à être devenus des milliardaires, selon ses dires. Il avait déclaré que, profitant de la conjoncture de contestation actuelle, les travailleurs souhaitent se réapproprier leur syndicat en réclamant des changements, «pas uniquement de personnes» mais également aux plans organisationnel de fonctionnement. Par ailleurs, suite aux dernières décisions du conseil du Gouvernement, réuni début avril, concernant l'étude des dossiers déposés auprès du ministère du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale pour l'accréditation des syndicats, la sphère syndicale devrait se consolider par de nouvelles organisations Sur cette base, 13 syndicats ont entamé l'actualisation de leurs dossiers pour "consacrer la pluralité syndicale que possède le pays qui compte actuellement 109 organisations syndicales, dont 67 organisations des travailleurs et 42 autres des employeurs (patronat)". Cette pluralité syndicale "aura un impact positif dans le renforcement du dialogue social et l'instauration d'un climat social serein et stable qui permet de poursuivre les efforts de développement socio --économique du pays.