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"Il demeure la référence et le symbole du combat pour toutes les libertés"
Nadia Matoub, veuve du chanteur et militant assassiné, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 24 - 06 - 2019

Nadia Matoub, veuve de Lounès, revient dans cet entretien sur la journée du 25 juin 1998, où son mari a été assassiné. Accompagnée de ses deux sœurs aux côtés de son mari, Nadia ne cesse depuis de réclamer un véritable procès pour que justice soit faite pour Lounès. Elle évoque aussi le soulèvement citoyen que vit le pays et explique pourquoi le Rebelle est devenu le symbole du combat pour les libertés et la démocratie. Elle évoque également la commémoration du 21e anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès qui aura lieu, aujourd'hui à Béjaïa. Elle rend aussi hommage au Dr Kamal-Eddine Fekhar et dénonce les arrestations des manifestants.
Liberté : Nous commémorons demain le 21e anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès. Vous qui étiez avec lui en cette funeste journée du 25 juin 1998, quel souvenir en gardez-vous ?
Nadia Matoub : Le souvenir que je garde c'est l'attentat qui a coûté la vie à Lounès. Nous nous rendions à Taourirt Moussa et c'est à Tala Bounane que le drame s'est déroulé. Quand je pense à cette journée, ce sont des images et des odeurs qui reviennent et surtout l'attaque qu'on a subie et qui a coûté la vie à Lounès. Je n'ai pas envie de revenir sur cela, mais je garde l'image de Lounès qui s'est battu les armes à la main jusqu'à la fin. Malgré les attaques, la douleur et la brutalité de la vie, il s'est battu héroïquement jusqu'à la fin. Son engagement n'a jamais été interrompu. Il a tenu à se défendre et à nous défendre comme il s'est défendu et a défendu ses idées et les siens durant toute sa vie. Même si les images du visage blême de Lounès lorsqu'il a compris ce qui se passait reviennent, je préfère me souvenir de l'image de Lounès qui se battait les armes à la main.
La quête de vérité n'a toujours pas abouti. Votre exigence de réouverture du dossier lié à cet assassinat est-elle toujours de mise ?
Je ne cesserai jamais de demander la vérité. Je ne cesserai jamais d'espérer connaître la vérité un jour. Je dois rappeler qu'il y a eu un procès en 2011 qui n'a pas révélé, pour moi, les véritables assassins. Une enquête sérieuse n'a pas été faite. Il n'y a pas de volonté pour mener cette enquête pour trouver les assassins et leurs commanditaires. Je rappelle aussi que j'ai mené des actions pour demander une enquête sérieuse, par exemple en 2008, on a porté plainte contre tentative d'assassinat. Il est important de dire que nous avons été auditionnés en 2011, avant l'annonce du procès par le juge d'instruction chargé de l'affaire, où nous étions, mes sœurs et moi, témoins et victimes.
Ce juge nous a dit qu'il était prêt à reprendre l'enquête dès le début. C'est ce que nous espérons. Si un juge dit cela, c'est qu'il a remarqué que rien n'a été sérieusement fait pour trouver les véritables assassins. Malheureusement quelque temps après, on nous a annoncé un procès dont tout le monde connaît la valeur. En 2016, nous avons, également, tenté la réouverture du dossier. Nous avons essayé d'exploiter la déclaration de Hattab où il revendiquait l'assassinat de Lounès. C'est un élément qui pouvait être juridiquement exploitable pour rouvrir le dossier, mais c'est une démarche qui n'a pas abouti. Mais nous gardons, bien sûr, espoir de voir notre quête de vérité aboutir et que justice soit rendue à Lounès.
Cette année, la commémoration aura lieu dans un contexte particulier, fait, notamment d'un soulèvement citoyen contre le système politique, où le Rebelle est omniprésent dans les manifestations, que ressentez-vous ?
Tout ce qui va dans le sens de la défense des libertés, de la démocratie, de la justice et de l'amazighité, est quelque chose sur lequel Lounès a bâti son œuvre et son engagement. La présence de Lounès dans les manifestations est la preuve qu'il est toujours là et qu'il se bat toujours contre ce système qu'il a toujours combattu. Sa présence parmi toute cette jeunesse, dont la majorité n'était même pas née avant son assassinat, est une autre preuve qu'il demeure la référence et le symbole du combat pour toutes les libertés. Je dirai qu'il incarne l'espoir d'un avenir meilleur pour une jeunesse qui croit en lui, en son engagement et en son combat. Les milliers de jeunes qui brandissent son portrait livrent un message aux assassins de Lounès. Ils leur disent qu'ils se reconnaissent en Lounès et qu'ils réaffirment au quotidien leur fidélité à son combat. Le Rebelle a toujours chanté la lutte contre l'oppression et contre le déni. Si aujourd'hui, ses chansons sont entonnées et son portrait brandi, c'est une manière pour ces jeunes de reconnaître à Lounès la sincérité et la justesse des causes qu'il a défendues. Nous assistons en ces temps historiques porteurs d'espoirs à des agissements et des dérives graves contre des jeunes qui manifestent avec le drapeau amazigh. Je tiens à dénoncer haut et fort la détention de ces jeunes et à exprimer ma totale solidarité et mon soutien avec eux. Le combat sera certes long et difficile, mais comme disait Lounès : "L'espoir nous est permis." Être fidèle à Lounès, c'est d'abord se mettre du côté des opprimés. Se reconnaître dans le combat de Lounès, c'est dénoncer les arrestations arbitraires, les injustices et les atteintes aux libertés. Je tiens à rendre un vibrant hommage au Dr Fekhar, mort en détention, ainsi qu'à toutes les autres victimes de l'arbitraire.
Matoub Lounès a légué une œuvre monumentale. Qu'est-ce qui est fait pour sa sauvegarde ?
Le fait qu'il est omniprésent dans les manifestations est déjà une sauvegarde de son œuvre et du message qu'il livre dans ses chansons. Un message de lutte et d'espoir qu'il nous communique chaque fois avec force et détermination pour mener à bien nos combats pour les libertés, toutes les libertés. J'ajouterai également que l'œuvre de Lounès fait l'objet de plusieurs études universitaires et plusieurs ouvrages sont déjà édités. Tout cela participe à la sauvegarde du legs de Lounès. Il est important de commémorer l'assassinat de Lounès, les crimes du Printemps noir de 2001…, car il est de notre devoir de maintenir leur souvenir et de perpétuer leur combat fidèlement. Il est de notre responsabilité de protéger leur mémoire contre les détracteurs et les fossoyeurs de l'histoire.
Cette année, la commémoration aura lieu à Béjaïa. Plusieurs activités aussi sont prévues un peu partout en Kabylie. Un mot sur cette commémoration ?
Plusieurs activités sont prévues et initiées par des associations ici ou en Europe pour commémorer l'assassinat de Lounès. Cette année, on a choisi de marquer ce 21e anniversaire par un hommage en Kabylie, précisément à Bgayet où nous nous retrouverons tous dans l'union et la fraternité autour de Lounès et des victimes de 1998 : Aït Idir Rachid, Ouali Hamza, Salhi Redouane, assassinés durant les émeutes qui ont éclaté suite à l'assassinat de Lounès. Aujourd'hui c'est non seulement un hommage à Lounès, mais aussi à ces jeunes tués. Je rends hommage aux parents de ces trois martyrs. Ces familles qui, malgré la douleur, affrontent avec dignité et courage ces inestimables pertes. Elles sont convaincues que le sacrifice de leurs enfants n'est pas vain, car ils ont défendu leur symbole Matoub Lounès. Aujourd'hui, un concert en hommage au Rebelle sera animé par plusieurs artistes, dont Oulahlou, Malika Domrane, Ali Amran, Zedek Mouloud, Iggig Moh, Karim Mersel, Ghilas Terki, Nacera Benyoucef. Il aura lieu au stade scolaire de la ville des Hammadites en début de soirée.

M.M.


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