La première place sur la liste des candidats, symbolisée par un croissant, fait l'objet d'une guerre sans merci entre le raïs et son principal concurrent. À peine l'inscription des candidats a-t-elle débutée qu'une bataille acharnée bat son plein entre Hosni Moubarak et Ayman Nour. L'objet de ce duel reste la première place sur le bulletin de vote que symbolise un croissant. “C'est un scandale, le croissant doit être pour nous”, a déclaré Gamila Ismaïl, l'épouse de M. Nour, au sujet de l'attribution de ce sigle au président Hosni Moubarak, alors que son époux a été le premier à s'inscrire. Les déclarations de Mme Nour sont corroborées par un représentant de la commission électorale qui a affirmé à l'agence de presse officielle Mena que “Ayman Nour s'est enregistré comme candidat dès que la commission électorale a ouvert ses portes”, soit à 08h00 locales (05h GMT). Les photographes présents au siège de la commission électorale confirment que Ayman Nour a été le premier à s'inscrire. “Je me suis présenté le premier à la commission et j'ai été le premier à être enregistré afin que mon nom apparaisse en premier sur les bulletins de vote”, a précisé le candidat du parti Ghad. Après avoir affiché sa satisfaction, tout en formulant l'espoir que ce climat positif se poursuivra lors de la campagne présidentielle, le candidat de l'opposition a par la suite ajouté : “Ça marche comme cela en Egypte selon les lois électorales. “Il est important de donner des garanties contre les fraudes lors du processus électoral qui doit être impartial et indépendant, du début à la fin”, a-t-il insisté. Coup de théâtre quelques minutes plus tard lorsqu'un responsable de l'équipe de campagne de Hosni Moubarak annonce, sous couvert de l'anonymat, “un délégué de M. Moubarak, Mohammed al-Dakruri, a été le premier à enregistrer le président Moubarak à la commission électorale ce matin”. Cette annonce a eu l'effet d'une bombe au sein de l'état-major d'Ayman Nour, dont l'un des membres a déclaré : “De tels mensonges de la part de l'équipe de campagne de M. Moubarak ne sont pas un bon présage pour le reste de la campagne.” Cette guéguerre au sujet d'un symbole a toute son importance, dans un pays où l'électorat, qui se caractérise surtout par son analphabétisme, vote en fonction des sigles attribués aux candidats. Comme c'est la première fois que l'Egypte va vivre des élections plurielles au suffrage universel, le symbole devient un atout majeur. Par ailleurs, trois autres candidats de petits partis ou indépendants ont aussi opté pour le croissant : Osama Chaltout, Sabri abdel-Aziz et Wahid al-Ouksouri. La clôture des candidatures doit intervenir jeudi prochain et la commission électorale devrait alors faire connaître son verdict, qui sera très attendu surtout que Ayman Nour, qui est sous le coup d'une procédure judiciaire, pourrait voir sa candidature invalidée. Enfin, les principaux partis et courants d'opposition, de la gauche laïque aux Frères musulmans, ont annoncé leur intention de ne pas présenter de candidats estimant cette élection non démocratique. K. ABDELKAMEL