Bravant des températures infernales, des milliers de citoyens de la wilaya de Bouira sont descendus dans la rue, hier, lors de la 19e marche contre le système. Sous un soleil de plomb, les manifestants armés de leur détermination à vouloir en finir avec le régime en place et ses symboles ont encore manifesté leur hostilité envers le chef de l'Etat, le gouvernement de Bedoui, ainsi que leur "méfiance" quant au dernier discours du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah. Pour les milliers de marcheurs qui ont battu le pavé hier, la "solution" préconisée par Gaïd Salah ne correspond ni à la volonté populaire ni à l'esprit de leur révolte enclenchée le 22 février. "Nous voulons une véritable transition démocratique avec des visages nouveaux, un modèle de société et une nouvelle République bâtie sur des bases solides, et non un changement de façade", dira un manifestant de Haïzer, une localité qui vit, depuis une semaine, au rythme des grèves générales et autres manifestations pour réclamer la libération des détenus incarcérés à la prison d'El-Harrach pour avoir brandi l'emblème amazigh. En outre, la population réclame encore et toujours l'application effective des articles 7 et 8 de la loi fondamentale qui stipulent que tout pouvoir émane du peuple. Les manifestants ont, par ailleurs, réaffirmé leur attachement à leur identité amazighe et à l'unité nationale. "Nous sommes un seul et unique pays, notre force on la puise dans notre union et dans notre diversité. Le drapeau national est celui de notre appétence à l'Algérie et l'emblème de Tamazgha représente notre identité amazighe", soulignera un manifestant qui brandissait les deux emblèmes côte à côte. Le slogan "Makench djihawiya : djeïch-chaâb, khawa khawa" (Il n'y a pas de régionalisme ; l'armée et le peuple sont frères) était, encore, scandé hier. Les marcheurs, tout au long de leur procession qui les a conduits au siège de la wilaya, ont, bien évidemment, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : "Bedoui dégage !", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime !" ou encore les traditionnels "Pouvoir assassin !". Une halte a été observée sur l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum, où l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de l'Algérie contemporaine.