Pacifiques comme à l'accoutumée, les étudiants ont préféré ne pas répondre à ce qu'ils ont qualifié de "provocations", notamment l'interdiction du port d'autres emblèmes que le drapeau national. C'est par le slogan "Ya qiyadet el-arkan, el-Qabayel machi aâdyane" que la communauté universitaire de Constantine a choisi d'entamer sa marche hebdomadaire, pour la 18e fois consécutive depuis le 26 février dernier. S'ils étaient beaucoup moins nombreux que les semaines précédentes, les étudiants et enseignants venus des différents instituts et facultés de Constantine, présents hier lors la marche, ont démontré une détermination sans faille à ne pas baisser les bras et à poursuivre le combat. Ils ont renouvelé leur attachement à toutes les revendications pour lesquelles le peuple algérien sort depuis le début de la révolution du 22 février. La réponse de la communauté universitaire au dernier discours du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, ne s'est pas fait attendre. Pacifiques comme à l'accoutumée, les étudiants ont, en revanche, préféré ne pas répondre à ce qu'ils ont qualifié de "provocations", notamment l'interdiction du port d'autres emblèmes que le drapeau national, allusion faite au drapeau amazigh qui était absent à cette 18e marche. "Arabes et Kabyles sont frères et personne ne nous divisera, nous sommes contre le régionalisme. L'Algérie est unie et le restera. Nous n'avons aucun problème avec les Kabyles ni avec notre identité. Le peuple algérien est sorti pour se débarrasser de toutes ces personnes qui ont dépouillé le pays", témoigne l'un des marcheurs. Malgré la canicule — plus de 42° — qui frappe la ville depuis plusieurs jours, les marcheurs, qui ont parcouru l'itinéraire traditionnel, ont scandé à tue-tête : "Qbayli, Aârbi, khawa khawa, Gaïd Salah maâ el-khawana", "Dawla madania, machi âsskariya" ou encore "Gaïd Salah dégage". Arrivés devant le siège de la daïra de Constantine sis au boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), les manifestants ont été salués et applaudis pendant plusieurs minutes par des citoyens qui organisaient un sit-in devant la daïra pour réclamer des logements sociaux. Les étudiants, qui ont pris part à la marche d'hier, ont réitéré, haut et fort, l'exigence du départ de l'actuel chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, au même titre d'ailleurs que le chef de l'Etat actuel et du Premier ministre. Le chef d'état-major, principale cible des manifestants pour le quatrième vendredi de suite, a été, hier, invité, plus que jamais, à rendre son tablier et à arrêter "ses tentatives de semer la fitna entre Algériens", lance une enseignante. Les manifestants se sont dispersés par la suite en scandant des slogans hostiles à la division entre Algériens et au régionalisme.