Est-il encore judicieux de maintenir les mardis de la contestation à Oran ? La question se pose sérieusement au vu de la faible mobilisation estudiantine que connaît Oran. Hier, et respectant la logique d'une désaffection graduelle, le nombre d'étudiants au rendez-vous de la Place d'Armes était réduit à sa plus simple expression puisqu'ils n'étaient qu'une trentaine à battre le pavé. Une situation qui a fait dire à Mahmoud, une figure du hirak oranais qui a été de toutes les marches du vendredi et du mardi depuis le 22 février dernier, n'en ratant que deux, que la présence réduite des étudiants risque de donner une fausse image de la mobilisation populaire à Oran. "Ils seraient bien inspirés s'ils s'en tenaient à un simple regroupement symbolique au niveau de la place du 1er-Novembre, suggère-t-il, estimant que les examens ne peuvent, à eux seuls, expliquer cette indifférence. Un photographe de presse fera la même réflexion, précisant qu'il est plus judicieux de laisser les marches de mardi pour Alger où la mobilisation est à son plus fort. Cependant, et vers 11h40, les étudiants décident de marcher en empruntant leur circuit habituel et en scandant les slogans traditionnels à leur mouvement. Le gouvernement de Bedoui sera ciblé, appelant à son départ, et les "FLN dégage, RND dégage", "Maranach habsine", "Silmiya, hadariya" se feront entendre, ainsi que des revendications plus corporatistes. "Dawla madania, machi âskaria" et "Pouvoir fel Harrach" font également partie du répertoire contestataire des étudiants, compensant, par le bruit, leur faible mobilisation. Gaïd Salah en prendra aussi pour son grade dans une procession sous le soleil de midi en direction du siège de la wilaya. Si la semaine dernière, on avait remarqué la présence notable des policiers accompagnant la marche à l'affût d'éventuels porteurs d'emblèmes amazighs, il n'en fut rien pour hier. Les quelques étudiants qui sont arrivés à destination se disperseront dans le calme après avoir entonné l'hymne national comme ils le font depuis le début de la contestation.