Ils dénoncent des arrestations à tort et la mise en détention préventive des manifestants. Un imposant rassemblement populaire a été organisé, hier, au centre-ville de l'ex-Michelet, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, pour exiger la libération de tous les détenus d'opinion et dénoncer la énième manœuvre répressive du pouvoir qui a procédé durant ces deux dernières semaines à l'arrestation, puis à l'emprisonnement de nombreux manifestants dont le seul "tort" était de brandir le drapeau amazigh ou d'exprimer une opinion. Des centaines de personnes ont pris part à ce rassemblement initié par le Collectif des avocats pour la dignité et le changement en collaboration avec le comité des citoyens de la localité qui réclame la libération d'Ould Taleb Amine, un jeune de la région, âgé de 19 ans à peine, arrêté le vendredi 21 juin à la place Audin, à Alger, et placé sous mandat de dépôt pour le même motif, à savoir le port du drapeau amazigh. Le rassemblement a débuté peu après 10h sous les cris de la foule qui scandait, à tue-tête, "Libérez la justice !", "Libérez les détenus !". S'ensuit une prise de parole des avocats du Collectif qui ont, tour à tour, descendu en flammes les tenants du pouvoir et surtout insisté sur la nécessité de maintenir la mobilisation populaire pour pouvoir faire plier les tenants du régime. "Ceux qui s'attaquent au drapeau amazigh sont ceux qui ont peur de l'union du peuple algérien, ceux-là mêmes qui ont semé le régionalisme depuis 62, et même avant, pour pérenniser leur règne et faire du peuple leur esclave", a déclaré, d'emblée, Me Chabane Ben Arab, avant d'appeler la population à redoubler de mobilisation, le 5 juillet prochain, pour, a-t-il ajouté, "la véritable indépendance du peuple algérien". Pour sa part, Me Nabila Smaïl a souligné que "les tenants du régime ont essayé l'infiltration, les mouches électroniques, l'intimidation et d'autres pratiques, mais ça n'a pas marché, et comme ils savent qu'ils sont dans l'illégitimité absolue, ils font tout pour pousser à la violence pour justifier l'état d'urgence. C'est signe qu'ils sont dans le désarroi". "S'ils pensent qu'ils vont nous faire peur, ils se trompent ! À chaque fois qu'ils mettent une personne en prison, ils en réveillent dix autres, il ne faut donc pas céder devant la peur, car la peur est dans leur camp", a déclaré, quant à lui, Me Hamid Morsli. Alors que le P/APC de Beni Douala, Amar Fekhar, a dénoncé l'arrestation de l'élue APW, Samira Messouci, et du commandant de l'ALN, Lakhdar Bouregâa, à la veille de la Fête de l'indépendance, Me Badreddine Boualleg est revenu sur les contradictions de la démarche répressive du pouvoir. "Ils disent que les manifestants arrêtés avec le drapeau amazigh portent atteinte à l'unité nationale, or, ces mêmes manifestants sont originaires de différentes wilayas du pays où ce drapeau n'était pas brandi avant cette révolution, ce qui confirme que le drapeau amazigh a contribué à l'unité nationale, contrairement à ce que veut faire croire le pouvoir", a-t-il souligné, avant que d'autres avocats, dont Hamroune Belaïd, Kaci Rahem et Aïssa Rahmoune, ne prennent le relais pour exiger la libération immédiate et sans condition des détenus d'opinion.