Dans une allocution à l'occasion de l'ouverture des travaux du Conseil national du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a chargé violemment l'état-major de l'armée. Pour lui, il « s'est rangé par opportunisme du côté du mouvement populaire pour exiger la démission de Bouteflika. Il a, du même coup, mis la main sur l'ensemble de l'appareil répressif du pays, y compris l'appareil judiciaire jusque-là contrôlé par le clan présidentiel ». Le premier responsable du RCD a également mis en garde contre cette série d'arrestations. «L'unique but de ce "nettoyage" par le biais de la récupération de l'appareil judiciaire est de baliser la voie pour les militaires afin d'installer une nouvelle potiche au niveau de la présidence de la République », a-t-il souligné. D'autre part, M Belabbas a estimé que « l'option qui consiste à réduire la crise à de nouvelles élections présidentielles est la pire. Elle est le corollaire direct de l'instrumentalisation de l'appareil administratif, sécuritaire et judiciaire. C'est la politique qui est en cours ». Au sujet de « la neutralisation de la volonté populaire » projetée par l'armée, le président du RCD a indiqué qu'elle se ferait par trois axes. En premier lieu, « l'instrumentalisation de l'appareil judiciaire pour le traitement de dossiers triés par l'armée, dans leur chronologie et le tri des personnages poursuivis, le tout sous le feu des médias contrôlés par le vice-ministre de la Défense ». Ensuite, la préparation d'« un nouveau personnel civil pour prendre le relais des personnages politiques qui avaient occupé le devant de la scène durant les vingt dernières années et qui en étaient délogés ». Enfin, la création « des lignes de fracture au sein des populations, de semer la peur et la confusion en vue de se présenter comme le garant de la paix civile après avoir provoqué le pire. Elle a déjà ses clients mais aussi ses relais objectifs ». Mohcine Belabbas est revenu par ailleurs sur les positions de son parti avant le déclenchement de la révolution pacifique. « Le soulèvement du 22 février est la confluence de toutes les révoltes des populations algériennes et du refus de la fatalité de la dictature depuis le premier jour de l'Indépendance », a-t-il lancé. Tout en ajoutant que « ce n'est pas un mouvement de revendications mais un soulèvement pour la réappropriation des libertés et du destin du pays. C'est 57 ans barakat ! ». Par ailleurs le chef du RCD a dénoncé « la répression, qui s'abat ouvertement aujourd'hui contre des composantes du soulèvement, touche avant tout les défenseurs de l'option démocratique et progressiste ». Selon lui, « la division recherchée par le pouvoir de fait est d'isoler les forces revendiquant la rupture avec le système par le moyen d'une transition démocratique qui s'inspire des principes universels, d'une démocratie régie par l'alternance au pouvoir, des libertés, avec son contenu philosophique et social et de l''égalité en droits, le tout garanti par une justice indépendante ». Il a également souligné que « la judiciarisation de l'interdiction de l'emblème amazigh a un double objectif : amputer le camp démocratique de son ancrage national et pousser le camp populiste-conservateur à se rassembler ». D'autre part, Mohcine Belabbas a mis l'accent sur « les déclarations d'un Djaballah ou d'un Makri ou le silence de nombreux acteurs politiques sont significatifs d'opportunismes ancrés ou naissants qui portent en eux la peur de la démocratie et de la transparence ».