Le parti de Mohcine Belabbas plaide le maintien de la mobilisation contre "toute élection ou transition pilotée par les résidus du système via les débris d'une Constitution faite sur mesure pour un autocrate autoproclamé et piétinée déjà à maintes reprises". Le maintien contre vents et marées du cap de la présidentielle du 4 juillet cache mal la volonté des dirigeants actuels de s'imposer à la volonté populaire et surtout d'accaparer le pouvoir décisionnel. C'est la conclusion à laquelle est arrivé le Rassemblement pour la culture et la démocratie à l'issue de son conseil national tenu vendredi 17 mai et consacré à la situation politique du pays, mais aussi aux "menées contre-révolutionnaires des chapelles et des clientèles qui ont prospéré autour de l'ex-chef de l'Etat". "L'entêtement à vouloir organiser une présidentielle, le 4 juillet 2019, pilotée de bout en bout par un personnel politique passé maître de la fraude électorale, ne relève pas d'un simple passage en force pour désigner un nouveau président ou d'un déni ordinaire de la réalité, mais participe d'une stratégie de reprise en main par une partie du système de la décision par un agenda caché", a-t-il estimé. Et d'ajouter : "L'instrumentalisation de la justice, la reprise en main déjà en cours des médias publics et assimilés dénotent cette volonté de ne rien ‘lâcher' ou de ‘lâcher' le moins possible devant le mouvement citoyen. Le pouvoir de fait veut être le maître des horloges pour s'imposer à la mobilisation populaire." Opération de chasse aux sorcières Autre reproche fait par le RCD aux tenants actuels du pouvoir : leur fourvoiement dans une entreprise de règlement de comptes en instrumentalisant la justice avec, pour finalité, "le détournement de son cours de la révolution en cours". "De glissement en glissement et sous prétexte de protéger le mouvement, les nouveaux donneurs d'ordre ont, rapidement, entraîné l'appareil judiciaire dans une opération de chasse aux sorcières dont eux seuls connaissent les tenants et les aboutissants", s'est élevé le parti de Mohcine Belabbas. Et d'enfoncer le clou : "Pis encore, alors que ceux qui ont mis le pays à genoux sont en liberté et pour certains aux commandes, un opérateur économique qui a subi les entraves du système Bouteflika est mis sous mandat de dépôt pour un simple litige commercial et une responsable politique est jetée en pâture avant même sa comparution devant la justice militaire." Aussi, le RCD n'a pas hésité à condamner "ces agissements qui relèvent d'une politique de règlement de comptes et de provocations destinée à détourner de son cours la révolution en cours", tout en réitérant son refus de voir "une justice aux ordres" instruire "le procès du régime et de ses clients". Cette opération à laquelle se sont attelés les nouveaux dirigeants du pays est suspecte, aux yeux du RCD. "Seule une justice indépendante, dans un Etat de droit, libérée par une phase de transition démocratique disposera de la légitimité pour traiter un tel dossier", a-t-il conditionné. Les dangers d'une structuration du mouvement Sur un autre registre, le RCD ne s'est pas montré très chaud pour doter la révolution du sourire d'une direction qui est beaucoup plus une réclamation de parties travaillant pour le compte du système politique en place, que des acteurs politiques acquis au changement du système ont su, jusqu'ici, mettre en échec. "Ni la nature du mouvement, ni l'état des institutions ne plaident pour une telle démarche qui ouvre la voie aux pressions et aux manipulations, voire à une dualité de pouvoirs aussi improductive que dangereuse", a-t-il estimé. La solution ? Maintenir la mobilisation contre "toute élection ou transition pilotée par les résidus du système via les débris d'une Constitution faite sur mesure pour un autocrate autoproclamé et piétinée déjà à maintes reprises". Pour le parti présidé par Mohcine Belabbas, "le peuple algérien a désormais son avenir entre ses mains" et "l'heure n'est ni à la peur, ni aux petits calculs, encore moins au découragement ou aux renoncements".