Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelkader Kara Bouhadba, a ordonné, hier, l'ouverture d'une enquête judiciaire sur les brutalités policières contre les manifestants lors du 20e vendredi de mobilisation populaire contre le système et ses symboles. C'est ce qu'a indiqué un communiqué rendu public par la Sûreté nationale, affirmant que le patron de la DGSN a insisté sur l'exploitation des vidéos qui montraient la violence des policiers sur des manifestants pour déterminer les responsabilités, afin de prendre les mesures disciplinaires adéquates à l'encontre des auteurs de ces actes. Cette enquête intervient après que les services de la Sûreté nationale eurent authentifié le contenu des vidéos filmées à partir des balcons montrant une véritable bousculade des manifestants qui tentaient de fuir la charge des forces antiémeutes. Mieux, les forces de l'ordre avaient empêché les manifestants d'intervenir pour secourir les blessés. Il aura fallu l'intervention des jeunes habillés en gilets oranges pour, enfin, évacuer les personnes blessées. Massivement relayées sur les réseaux sociaux, ces images ont suscité colère et indignation des Algériens qui ne comprenaient pas pourquoi ces policiers se sont acharnés, ce jour-là, contre des manifestants pacifiques. Il faut rappeler que certains manifestants ont subi les pires violences alors qu'ils étaient déjà à terre, et alors que la loi interdit ce genre de pratiques. Autrement dit, les policiers ont fait un usage gratuit et plus que disproportionné de la répression bien que les manifestants marchassent pacifiquement. C'est d'autant plus choquant que ces scènes de violences sont intervenues alors que les Algériens célébraient le 57e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. En outre, l'enquête devra situer les responsabilités, notamment pour déterminer ceux qui avaient instruit les forces de l'ordre à faire usage de cette violence. D'autant que ces scènes interviennent au moment où les manifestants criaient "Khawa khawa" et croyaient profondément à leurs slogans pacifistes qu'ils scandent depuis le 22 février en présence des policiers. FARID BELGACEM