Pour ce 21e acte des marches du vendredi contre le système à Bouira, et sous une chaleur de plomb, plus de 50 000 manifestants ont battu le pavé, hier, pour exprimer leur refus du système. Le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, ainsi que le chef d'Etat, Abdelkader Bensalah, ont été, une fois de plus, la cible privilégiée des manifestants. La dernière sortie médiatique de Gaïd Salah, où il a fustigé ceux qui appellent à l'instauration d'un Etat civil, a été fortement décriée par les protestataires. D'ailleurs, le slogan phare de la marche d'hier était "Dawla madania, machi âaskariya" (Un Etat civil et non militaire). En effet, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum, rebaptisée à l'occasion "Place de la Révolution", a été prise d'assaut par des milliers de citoyens. 14h, le boulevard Zighoud-Youcef était noir de monde. "Le départ de tout le système dans sa globalité", a affirmé un militant de la cause amazighe. Et d'ajouter : "Nous voulons bâtir une nouvelle Algérie avec les fondements de la Charte de la Soummam, et dont le premier article stipule la primauté du civil sur le militaire (...) ." Pour ce qui est de l'organisation de l'élection présidentielle dans les circonstances actuelles, la sentence du peuple est sans appel. "Il n'y aura pas d'élection avec les résidus de la bande", tranchera Ali, chef de service à la SDC de Bouira. 15h. Dans une ambiance bon enfant, le cortège marquera une première halte devant le siège de la wilaya de Bouira. Là, d'autres citoyens se sont joints au mouvement, grossissant ainsi les rangs des marcheurs. Tahar Kemmiche, l'un des initiateurs de cette action, n'a eu de cesse d'encadrer ses camarades et de réorganiser les carrés qui avaient tendance à se disperser. "À travers le discours de Gaïd Salah, on comprend que le pouvoir a, encore une fois, usé et abusé de la provocation (…) Au lieu d'écouter les revendications des millions d'Algériens, le système veut absolument se maintenir quitte à mener le pays au chaos", a-t-il dénoncé. D'autres manifestants ont brandi des pancartes où il y était inscrit : "On ne gère pas un pays avec des casernes, des mosquées et a fortiori de l'argent sale", "Comment une bande de malfrats peut apporter le changement ?" Les marcheurs, tout au long de leur procession qui les a conduits vers le siège de la wilaya, ont, bien évidemment, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place. "Bedoui dégage !", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime" ou encore le traditionnel "Pouvoir assassin !". À noter que les rangs de la marche ne cessaient de grossir au fur et à mesure que la foule avançait. Enfin, une ultime halte a été marquée sur l'espace de la maison de la culture Ali-Zamoum, où l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de l'Algérie contemporaine.