Ancien musée du cinéma arabe et indien, cette salle mythique a été "transformée" en un espace dédié au foot, et dans laquelle sont retransmis les matchs de la CAN ! Le "One, two, three" fuse de la salle d'orchestre et des deux balcons de la salle de cinéma Chihab depuis que l'ancien Olympia s'est avili en stade. C'en est donc fini du prestige de l'Olympia qui a été déchu de sa vocation originelle de diffuser des films ! Authentique ! S'il en est une preuve, celle-ci s'annonce avec la nouvelle dénomination "Olympia Sport" que s'est adjugé ce cinoche, selon l'annonce scotchée à l'angle de la rue Hamitouche-Mohamed. Lieu autrefois de loisir et d'évasion, l'Olympia c'était aussi le musée du cinéma arabe, où il était loisible au cinéphile de faire le tour d'inaccessibles photos de stars du vieux Caire entre le grignotage d'une poignée de cacahuètes et d'une dégustation d'un bâton d'esquimau lors de l'entracte. Lieu régalien de la chanson égyptienne, le crooner Abdelhalim Hafez né Abdelhalim Chabana (1929-1977) hante l'écran de l'Olympia qui a fait son baptême de couleurs avec l'indémodable film Abi foq al-shagara (1969) avec l'étincelante comédienne Nadia Lotfi née Paula Mohamed Mostafa. D'ailleurs, les riverains ou les habitués des escaliers de l'ancienne rue de la Poudrière qui fait la liaison de la rue Ali-Harriched (ex-Mogador) vers la rue Larbi-Ben M'hidi témoignent encore des interminables files d'attente de cinéphiles aux abords de l'issue de secours de l'actuel Théâtre d'Alger-Centre (ex-Casino) et le siège de l'association musicale et artistique El-Djazaïria El-Moçilia. Réputée aussi comme salle sélect, l'Olympia était l'idéal destination où élisaient écran d'ensorcelantes starlettes du star-système dans le genre Bollywood et tout ce que l'Inde a de si fascinant, notamment le chant du film Dil Deke Dekho de Nasir Hussain (1959) avec l'étoile Asha Parekh et le croissant Shammi Kapoor. Que reste-il de tout ça ? Sinon rien ! Du fait que l'on n'entend plus les notes de l'oûd de Farid El-Atrache (1910-1974) lorsqu'il était à l'affiche de Nagham Fi Hayati (Mélodie dans ma vie) (1975) d'Henri Barakat (1914-1997). Et plutôt que d'entendre de langoureuses mélopées orientales, l'Olympia s'est mis à l'heure qu'il est, à la retransmission de matchs de la 32e édition de la Coupe d'Afrique des nations qui a lieu au pied des pyramides (Egypte) depuis le 21 juin dernier. Alors que "l'APC d'Alger-Centre s'est dotée en 2003 et selon l'arrêté n°17/2000 du 3 juillet 2000 de l'Epic Office de promotion culturelle et artistique (OPCA) à l'effet de régenter les salles de cinéma dont il a la charge", a indiqué le maire d'Alger-Centre. Or ce n'est pas le cas, puisque ces gérants privés pervertissent nos salles de cinéma sans que l'OPCA ne trouve à redire. C'est le cas aussi pour le Midi-Minuit qui semble avoir perdu à jamais ses armoiries. Louhal Nourreddine