Ni la canicule ni l'atmosphère euphorique de la qualification des Verts à la finale de la CAN n'ont pu détourner la détermination des milliers de citoyens qui ont battu le pavé, hier à Bouira, lors de ce 22e acte des marches du vendredi contre le système. En effet, ils étaient plus de 30 000 manifestants à avoir, encore une fois, exprimé leur refus catégorique du maintien du système en place. "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion (…). Nous considérons que mettre en prison des jeunes qui ont porté un drapeau identaire et culturel est une atteinte à nos libertés les plus fondamentales", soulignera le président de la section du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) de Haïzer. Tout au long de leur procession qui les a menés au siège de la wilaya, les protestataires ont copieusement critiqué le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, mais aussi l'institution judiciaire qui, selon les manifestants, a été instrumentalisée à des fins politiques. "L'institution militaire à travers son chef doit respecter la volonté de tout un peuple. Elle s'est érigée en garante de notre révolte et par la suite elle fait volte-face. Nous considérons cela comme une trahison", déplore un militant FFS de la section de Bouira. La justice a été également épinglée par les marcheurs, l'accusant d'être "instrumentalisée" et d'avoir "trahi" l'engament pris au lendemain de la révolte du 22 février. Le boulevard Zighoud-Youcef, qui traverse d'est en ouest le chef-lieu de la wilaya, était noir de monde. "Nous sommes là pour réaffirmer notre seule et unique revendication : le départ du système dans sa globalité", a affirmé Triki Laref, un syndicaliste de la santé. D'autres slogans hostiles au chef d'état-major, à l'image de "Sorry Gaïd Salah, el-chaâb machi djayeh" (Désolé Gaïd Salah, le peuple n'est pas naïf), ou encore "M. Gaïd, attention le peuple n'acceptera jamais une dictature militaire", "Gaïd Salah, votre film indien nous fait vomir : dégage !". Hamid Chachoua, un élu FFS à l'APW, a affirmé : "Ce n'est pas le chef d'état-major, mais bien le peuple qui a exigé ou revendiqué le départ du système." Abordant la nature du système politique en Algérie, M. Chachoua a estimé qu'il a été bâti sur un "coup de force et une absence de légitimité". Par conséquent, d'après cet élu, aucune sortie de crise ne peut se faire dans la "légitimité illégitime". Pour ce qui est de l'organisation de l'élection présidentielle dans les circonstances actuelles, la sentence du peuple a, encore une fois, été sans appel. "Il n'y aura pas d'élection avec les résidus de la bande", tranchera un manifestant. 15h et dans une ambiance bon enfant, le cortège marquera une première halte devant le siège de la wilaya où d'autres citoyens se sont joints au mouvement, grossissant ainsi les rangs des marcheurs.