L'ingérence étrangère en Libye et le soutien apporté à l'option armée par certaines puissances régionales ont saboté, jusqu'ici, toutes les initiatives politiques de sortie de crise à Tripoli. Le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) a exprimé hier "son inquiétude" face à une escalade des violences armées à Tripoli, en raison d'une nouvelle tentative des forces de Khalifa Haftar d'avancer sur la capitale libyenne, a-t-on lu dans un communiqué du GNA. "Le Conseil présidentiel suit avec inquiétude des préparatifs pour une nouvelle escalade de violences contre Tripoli, menés par les forces d'agression", a indiqué le GNA dans son communiqué, affirmant s'appuyer sur plusieurs rapport des services de renseignements libyens et des services onusiens. Selon le gouvernement libyen, issu de l'accord onusien de Skhirat en décembre 2015, les troupes de Haftar s'apprêtent, en effet, à mener une série de raids visant des sites sensibles et névralgiques, dont des hôpitaux et l'aéroport international de Miitiga, qui fait régulièrement l'objet de bombardements ciblés et parfois anarchiques. La mission de l'ONU en Libye, dirigée par le diplomate libanais Ghassane Salamé, a confirmé indirectement ces inquiétudes, affirmant dans un bref communiqué sur les réseaux sociaux "travailler du mieux qu'elle peut avec les parties locales et étrangères pour éviter une escalade militaire et pour protéger les civils et leurs biens contre ces violences". Parallèlement, les forces du GNA ont affirmé vendredi soir avoir effectué douze frappes aériennes contre les positions des troupes du maréchal à la retraite, Khalifa Haftar basées dans l'est du pays, entre mardi et jeudi. Ces raids ont pris pour cible "les positions et les routes d'approvisionnement de la milice de Khalifa Haftar dans les villes d'Asbi'ah et de Shwerif (sud-ouest)", a déclaré dans un communiqué Mohamed Gonono, porte-parole des forces du gouvernement. Les troupes dirigées par le maréchal Khalifa Haftar, mènent une campagne militaire depuis début avril pour arracher au gouvernement le contrôle de la capitale, Tripoli. Mais le controversé maréchal, soutenu par les autorités parallèles de l'Est libyen, n'arrive pas à accéder au cœur de Tripoli, faisant face à une farouche résistance de l'armée du GNA, fortement appuyée par les tribus du nord-ouest du pays. Pis encore, les troupes de M. Haftar ont vite perdu de nombreux points stratégiques qu'elles avaient conquis au prix de meurtriers combats, dont la localité de Gharyan, où des missiles français avaient été découverts récemment, considérés comme l'irréfutable soutien apporté par la France à Khalifa Haftar, malgré les explications confuses de Paris. La Libye reste en proie à une escalade de violences et à une instabilité politique depuis la chute de son ancien dirigeant Mouammar Kadhafi en 2011. Et depuis le début de l'offensive de Haftar, les combats aux portes de la capitale libyenne ont fait 1 093 morts, dont 106 civils, et 5 752 blessés, dont 294 civils, ainsi que plus de 100 000 déplacés, selon un dernier bilan publié lundi par l'OMS.