Sitôt désigné, M. Mihoubi a montré une volonté de ne pas dévier le RND de son allégeance politique habituelle, en affichant son soutien à la position de l'institution militaire vis-à-vis du mouvement populaire. Les membres du conseil national du RND ont élu hier, lors d'une session extraordinaire, l'ancien ministre de la Culture Azzedine Mihoubi secrétaire général par intérim, en remplacement d'Ahmed Ouyahia, en détention préventive depuis le 12 juin dernier, dans le cadre de plusieurs affaires de corruption en cours d'instruction. Azzedine Mihoubi est pourtant contesté par de nombreux cadres et membres fondateurs du parti, voyant en lui la continuité de la ligne politique définie par l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia. Cette absence de consensus a conduit au report de la réunion extraordinaire du conseil national devant se tenir initialement le 6 juillet dernier. Point de désaccord entre les deux courants : l'orientation à donner au RND après le vent de révolte populaire qui a entraîné le départ de nombreuses figures du système. Le premier courant pense que le RND ne doit plus constituer un comité de soutien au régime. Pour lui, la réunion du conseil national est antistatutaire, rappelant que seul le congrès peut élire un nouveau secrétaire général. Pour le deuxième courant, l'essentiel est de parer à un vide organique et de relancer l'activité du parti, tout en restant fidèle à Ouyahia jugé "innocent jusqu'à preuve de sa culpabilité". L'ex-porte-parole Seddik Chiheb et l'ancien ministre délégué Belgacem Mellah sont les plus farouches détracteurs de cette option. Lorsque des informations ont circulé, fin juin, sur la volonté des fidèles d'Ahmed Ouyahia d'installer Azzedine Mihoubi à la tête de la formation politique, Seddik Chiheb n'a pas hésité à le charger lourdement, le qualifiant d'"usurpateur et (de) militant occasionnel", se prévalant du soutien de l'armée. Chihab révèle dans la foulée que "des militants, privés d'un espace de débat profond, désertent en silence les rangs du RND". L'intérim de Mihoubi devra durer, selon nos sources, jusqu'au prochain congrès prévu, selon les délais statutaires, en 2022. Option complètement rejetée par Belkacem Mellah. Il estime que le secrétaire général par intérim devra installer en urgence une commission chargée de préparer un congrès extraordinaire d'ici à septembre prochain. Mais Azzedine Mihoubi semble appliquer un tout autre agenda en se mettant immédiatement, après le vote en sa faveur, dans la peau du nouveau patron du RND, promettant de hisser la formation politique au niveau d'"un véritable pôle politique jouissant de la confiance du peuple, à travers la formation d'une nouvelle génération de cadres et la mise à profit des expériences des anciens cadres". M. Mihoubi a également montré une volonté de ne pas dévier le RND de son allégeance politique habituelle, en affichant son soutien à la position de l'institution militaire vis-à-vis du mouvement populaire, tout en saluant "le rôle de la justice dans la lutte contre la corruption". Il a également appelé à l'adhésion "de toutes les forces au dialogue national", se félicitant des "initiatives réalistes ayant proposé des personnalités pour mener ce dialogue" et promettant que le parti "réfléchira à une initiative qui se croise avec les autres".