Ils se sont rassemblés, avant-hier matin, devant le siège de la daïra pour crier leur ras-le-bol et leur colère vis-à-vis des autorités. Des centaines de citoyens bénéficiaires de décisions de préaffectation de logements sociaux, dont les noms n'ont pas figuré sur la dernière liste de 2700 logements affichée la semaine écoulée, ainsi que les demandeurs de logements sociaux non bénéficiaires de ces décisions de préaffectation se sont rassemblés, hier matin, devant le siège de la daïra de Constantine, boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), pour crier leur ras-le-bol et leur colère vis-à-vis des autorités. Dénonçant la mise à l'écart de leurs dossiers de demande de logement pour les uns et un traitement rapide des demandes récentes pour d'autres dont les noms figurent sur les fameuses listes de préaffectation, ils ont assailli tout au long de la matinée l'entrée du siège de la daïra, maintenu sous haute surveillance policière. "J'ai déposé mon dossier de demande de logement en 2006 contre la délivrance d'un récépissé. À ce jour, je n'ai rien eu, pourtant des dizaines de listes ont été affichées. Nous ne comprenons pas pourquoi on ne prend pas en considération nos dossiers", se demande un père de famille habitant à la cité Boudraâ-Salah. Venus de plusieurs quartiers et cités de Constantine, du centre-ville (rue Belouizdad, Rahmani-Achour), de la vieille ville (Rahbet Essouf, Souika) et même de Sidi Mabrouk, El-Guemas, Chalets des pins, les protestataires ont également délégué d'autres groupes pour tenir au même moment des sit-in devant le cabinet du wali et le siège de la SEAU (Société d'étude, d'architecture et d'urbanisme)."La plupart d'entre nous ont déposé leurs dossiers de demande de logement depuis les années 2000 et même bien avant, sans qu'ils soient pris en considération lors des différentes attributions de logements. Nous sommes là aujourd'hui pour dire ça suffit, nous ne pouvons plus patienter, nous avons tous besoin d'un logement, nous avons des préaffectations mais nous ne figurons sur aucune liste, alors que des étrangers ont bénéficié de logements avant nous. Nous ressentons cela comme de la hogra caractérisée, nous demandons qu'on nous intègre dans la prochaine liste d'attributaires", nous dit Mouloud, un des protestataires. "Cette situation doit changer, nous ne pouvons plus continuer comme ça, au moment où tout le monde bénéficie de logements sociaux. Pourquoi pas nous ?", dénoncent les protestataires qui se demandent s'il s'agit d'un simple oubli ou d'une exclusion en bonne et due forme. Des locaux commerciaux détournés ? Au même moment, un autre groupe de protestataires, formé d'une cinquantaine d'hommes, a relevé un autre problème, celui de l'attribution des locaux commerciaux situés à "l'hippodrome" près de la cité Daksi. "Nous avons payé la première tranche en 2000, nous avons tous les documents qui prouvent que nous sommes les attributaires de ces locaux. Néanmoins, le chantier étant à sa phase finale, nous apprenons que d'autres destinataires viennent d'en bénéficier. Aucun des 150 commerçants auxquels ces locaux sont destinés n'en a bénéficié. Les locaux ont été distribués sous le manteau à des étrangers contre des sommes d'argent. Nous connaissons des bénéficiaires qui ne sont même pas de Constantine", témoigne Aziz, un des protestataires. Ces derniers affirment que plusieurs correspondances ont été envoyées au wali de Constantine, mais aucune réponse ne leur a été fournie.