Le court-métrage Rumeur, etc., de son réalisateur Mohamed Latrèche, est en compétition officielle pour le Léopard de demain du Festival international du film de Locarno. Le film, qui sera projeté mercredi 10 août à 10 heures à La Sala et jeudi 11 août à 19 heures au Rialto 2, est une méditation sur l'oisiveté et l'attente. Quelque part en Algérie, Bachir, un jeune homme de 25 ans, attend. Qui ? Quoi ? Le sait-il lui même… ? Comme beaucoup de jeunes Algériens, le jeune homme cherche un sens à sa vie. Pourquoi pas partir en France ? Comme beaucoup de ses pairs, il attend la réponse pour son visa pour la France. Seulement, la réponse tarde à venir et Bachir attend encore et encore. Dans le film, l'attente n'est peut-être qu'un prétexte pour meubler une vie un peu trop vide, un temps un peu trop long. Alors, pour peupler l'ennui, tromper le silence, il y a l'oiseau qu'on nourrit, la rumeur qu'on poursuit, prétextes dérisoires à rencontrer l'autre, les autres, à encore appartenir au monde ou s'en donner l'illusion… Une rumeur vient combler ce vide. Elle porte sur l'éventualité du changement du week-end. Le samedi dimanche – la norme française, occidentale, chrétienne – devrait se substituer au jeudi vendredi, la norme musulmane en vigueur. Réalisé en bétacam, Rumeur, etc., le film de 20 minutes est une douce méditation sur l'ennui au son mélancolique d'En attendant Godot, tant les petits détails qui hantent l'esprit de Bachir flirtent parfois avec l'absurde. Le spectateur, lui, se laisse nonchalamment embarquer sur ce bateau de papier, cherchant des accroches symboliques pour, à son tour, tel un Bachir désœuvré, donner du sens au paysage esquissé. Et tout en se questionnant sur l'oiseau qui a délibérément pris le chemin de la cage, il ne sent pas l'embarcation prendre l'eau pour, doucement, l'entraîner dans les dérives aveugles d'une existence sans but, la sienne peut-être s'il n'y prend pas garde. Le court métrage met en scène Ahmed Benaïssa, Abdellah Benabdellah, Hassiba Soumeur, Fouzia Boukhalfa, Ahmed Soualil, Majid Géryville et Mohamed Latrèche. Originaire de Sidi Bel-Abbès, Mohamed Latrèche poursuit, depuis 1993, des études en sciences politiques à l'université de Paris-Saint-Denis. En 2003, Il réalise son premier documentaire, À la recherche de l'Emir Abd El Kader, et son court métrage de fiction Rumeur, etc. Mohamed Latrèche est également producteur et distributeur au sein de Sora. Créée en 2003 à Alger, Sora a coproduit des courts métrages comme Cousines de Lyès Salem et Oranges et a distribué dans les salles algériennes Million Dollar Baby de Clint Eastwood, Comme une image d'Agnès Joui et prépare les sorties des Poupées russes de Cédric Klapisch, Le Couperet de Costa-Gavras et La demoiselle d'honneur de Claude Chabrol. R. C.