L'axe a été fermé une bonne partie de la journée, provoquant un immense embouteillage. Les récurrentes coupures d'eau dans la commune de Lakhdaria (45 km à l'ouest de Bouira), notamment durant l'Aïd el-Adha, ont mis les nerfs des citoyens à rude épreuve. Hier, et pour exprimer leur colère, les habitants de plusieurs quartiers de l'ex-Palestro ont fermé l'accès à l'autoroute Est-Ouest au niveau de la bretelle autoroutière avec des blocs de pierre et des pneus enflammés. Par cette action, les manifestants ont voulu dénoncer le mutisme des autorités quant à la crise de l'eau qui frappe la région depuis plusieurs semaines déjà. "On nous a poussés à agir ainsi, nous avons écrit à qui de droit, nous avons fermé le siège de l'ADE (Algérienne des eaux, ndlr) et aucune de nos actions n'a trouvé un écho favorable auprès des services concernés", justifient certains manifestants. Pour ces derniers, le calvaire n'a que trop duré et l'absence de réaction de la part des services de l'ADE n'a fait qu'envenimer la situation. "Au lieu de rétablir l'alimentation en eau potable, ils nous envoient des émissaires pour tenter de justifier leur défaillance (…) Nous payons rubis sur l'ongle nos factures, et en contrepartie, nous sommes privés d'eau durant tout l'Aïd. C'est inadmissible !", s'emportera Rachid, un habitant du quartier Krichiche, qui est, selon notre interlocuteur, privé d'eau potable depuis la semaine dernière. Vers 11h, le colonel de la brigade de la gendarmerie a tenté de persuader les contestataires de rouvrir l'autoroute. En vain. Il aura fallu l'intervention des comités de sages de la région pour débloquer momentanément la situation. Il faut dire qu'à Lakhdaria, à Kadiria et dans des régions Ouest de Bouira, les orientations du ministère des Ressources en eau semblent avoir été négligées par les élus locaux, les chefs de daïra et les services de l'ADE. Selon la population, plusieurs demandes ont été introduites auprès des services concernés, dans l'hypothétique espoir d'un renforcement du réseau de distribution, mais sans résultat. "Nous sommes encore et toujours réduits à nous approvisionner en eau à partir des sources et des citernes de l'APC", précisera un manifestant. D'autres affirment que les autorités de la wilaya s'étaient pourtant engagées à accélérer les travaux de raccordement au réseau d'AEP, depuis le barrage de Koudiat Acerdoune, dans la commune voisine de Maâla. "On nous a promis, depuis 2016, que nos localités allaient être raccordées à l'eau de ce barrage. Trois ans plus tard, nous sommes toujours obligés de parcourir des kilomètres avec des jerricanes. C'est inadmissible !", s'indigne-t-on. Plus tôt dans la matinée d'hier, ces mêmes citoyens ont cadenassé les locaux de l'ADE. Avant cela, la veille de l'Aïd, soit samedi soir, plusieurs dizaines de citoyens ont fermé le siège de l'ADE locale, afin de dénoncer cette situation des plus ubuesques. Il faut dire que cette entreprise peine à satisfaire ses clients, et comble de l'absurde, elle justifie cette pénurie par la surconsommation. Un argument calqué sur celui de Sonelgaz, laquelle incite ses abonnés à faire des économies d'énergie. Le directeur local de l'ADE de Lakhdaria s'est déplacé sur les lieux dans le but de calmer les esprits. Sans succès. Pis encore, il a failli être lynché par les citoyens en colère et il n'a dû son salut qu'à l'intervention des services de l'ordre. Les pouvoirs publics, par leur inaction avérée, jouent à un jeu très dangereux, surtout en cette veille de rentrée sociale, laquelle s'annonce des plus mouvementées. Il est vrai que si les habitants de Lakhdaria avaient jusqu'à présent privilégié le dialogue et des manifestations pacifiques, il n'en demeure pas moins que la colère gronde. Ces négligences des autorités seront la goutte d'eau qui fera déborder le vase.