Certains qui espéraient que le mouvement populaire pacifique s'essoufflerait, se rendent compte avec amertume qu'il n'en est rien, et ce, malgré les fortes chaleurs et les grandes vacances. Armés de leur seule conviction, des citoyens de toutes catégories sociales sont présents au rendez-vous du hirak chaque vendredi. Ce qui, d'ailleurs, ne fait qu'augmenter la crainte du système de voir la révolution pacifique prendre plus de vigueur à la prochaine rentrée sociale et universitaire. Le système constate à ses dépens que toutes les tentatives de clivage du mouvement ont été vaines, notamment celles voulant l'amener à accepter des solutions qui ne sont rien d'autre qu'un rafistolage du régime et le recyclage des anciens dirigeants. Encore une fois, le slogan qui a été le plus souvent scandé dans la marche est celui de voir partir les symboles du système honni et à l'origine de la crise qui secoue le pays et qui a brimé toutes les volontés militant pour l'instauration de la démocratie et la liberté d'expression. Scandant "Echaâb yourid el istiqlal", le mouvement montre qu'il est déterminé à ne pas accepter l'offre de dialogue organisé par un pouvoir qui, de tout temps, a pratiqué l'exclusion et fermé les voies du dialogue en prenant le pays et ses richesses en otage. Parmi les slogans repris depuis des semaines, la revendication d'un Etat civil qui est répétée tel un leitmotiv par la contestation qui a crié haut et fort : "Madaniya, machi aâskaria" (Etat civil et non militaire). Ayant fait son apparition dans la marche, la possibilité d'aller vers "Rahou djai el îssyane el-madani" (la désobéissance civile arrive) fait son chemin pour être prise au sérieux, car envisagée comme moyen de pression pour faire plier un pouvoir arrogant qui ne veut toujours pas partir et qui multiplie les manœuvres pour avoir le mouvement à l'usure.