L'une des premières conséquences de l'accord devrait être la levée de la suspension en juin du Soudan de l'UA. Cette suspension était intervenue après la dispersion sanglante, qui a fait127 morts, d'une manifestation devant le siège de l'armée à Khartoum. La détermination des Soudanais a fini par payer. Leur pays a ouvert depuis hier une nouvelle page de son histoire. Les meneurs de l'opposition et les militaires au pouvoir ont signé, dans la capitale Khartoum, l'accord final ouvrant la voie à un transfert du pouvoir aux civils. Huit mois de mobilisation populaire et de contestation inédite, parfois réprimée dans un bain de sang, ont abouti à cet accord historique. Il a été signé par Mohammed Hamdan Daglo, n°2 du Conseil militaire, et Ahmed Al-Rabie, représentant de l'Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), fer de lance de la contestation. De nombreux dirigeants et représentants africains comme le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, figure de la médiation, et le président de la commission de l'UA, Moussa Faki, ont assisté à la cérémonie. Les ministres d'Etat saoudien et émirati des Affaires étrangères ont également suivi la cérémonie de la signature finale de l'accord, aux côté d'émissaires américains et britanniques ainsi que des représentants de l'ONU et de la Ligue arabe. La signature a été accueillie par des applaudissements nourris parmi l'assistance, selon des médias présents sur place. La composition du Conseil souverain qui remplace le Conseil militaire sera dévoilée aujourd'hui même. Six civils issus de l'ALC, et cinq militaires siègeront dans le nouveau Conseil qui aura pour mission de mener la transition qui s'étalera sur 36 mois. L'on attend par ailleurs, dès mardi, la confirmation de Abdellah Hamdok, 65 ans, au poste de Premier ministre. Ancien haut fonctionnaire de l'ONU, il a été proposé jeudi par l'ALC. Le gouvernement sera lui formé le 28 août, en majorité par des civils et il rencontrera le Conseil souverain le 1er septembre. Plusieurs médias soudanais ont vivement salué la signature de cet accord en rappelant que le pays attendait ce jour depuis décembre, début de la contestation. Conclu à la faveur d'une médiation de l'Ethiopie et de l'Union africaine, cet accord a été accueilli avec soulagement par les manifestants célébrant hier la victoire de leur "révolution". La transition, commencée le 4 août avec le paraphe de la déclaration constitutionnelle, durera trois ans et trois mois et s'achèvera par la tenue d'élections dans ce pays de 40 millions d'habitants, dirigé pendant trois décennies par le président Omar al-Bachir, déchu. Au gouvernement, les ministres de l'Intérieur et de la Défense seront choisis par des membres militaires du Conseil souverain. Les 300 membres de l'assemblée législative, dont 40% de femmes, seront nommés dans les trois mois suivant la signature de l'accord. Au total, 67% des sièges doivent aller à l'ALC et le reste à des partis, à condition qu'ils ne soient pas liés à l'ex-président. L'une des premières conséquences de l'accord devrait être la levée de la suspension en juin du Soudan de l'UA. Plus de 250 personnes ont été tuées lors des troubles au Soudan, notamment dans la dispersion brutale d'un sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum qui a fait 127 morts le 3 juin, selon des médecins proches de la contestation. Les militaires ainsi que les Forces de soutien rapide (RSF), puissante organisation paramilitaire seront placés sous le commandement du chef de l'armée. Les RSF ont été accusées d'avoir mené la dispersion sanglante du 3 juin. Le jour de la signature devait par ailleurs être celui de l'ouverture du procès de l'ex-président Béchir, inculpé pour corruption, mais l'audience a été repoussée sine die.