RESUME : L'interrogatoire qu'elle subit en présence de sa patronne ne dure que quelques minutes, avec les mêmes questions. Durant la nuit. Sorreya s'en veut à un point que personne ne pourrait imaginer. Sûrement pour vérifier qu'elle ne va pas se contredire. Mais comme la première fois, elle dit toute la vérité, avec les mêmes renseignements. - Pourquoi ? lui demande Mme Djira. Y aurait-il un problème ? - Une équipe s'est rendue sur les lieux. Ils ont quitté leur domicile depuis quelque temps déjà, répond l'inspecteur. Je pensais qu'elle avait oublié de nous donner des détails. Apparemment non. - C'est une fille digne de confiance, insiste sa patronne. Je suis sûre que si elle a du nouveau, elle vous contactera pour vous en faire part. N'est-ce pas Sorreya ! - Bien sûr madame. Sorreya reste à leur disposition jusqu'au départ de l'inspecteur. Sa patronne remarque combien elle est lasse. Elle lui propose de prendre son après-midi. - Profites-en pour te reposer. Sorreya accepte. Elle est tellement heureuse que la bande a quitté son ancien domicile, un vieux garage abandonné dans le vieux quartier. Maintenant qu'elle sait qu'ils ne les ont pas trouvés, elle a l'impression que la chape de plomb qui pesait sur elle a disparu. Perdue dans ses pensées, tout en se dirigeant vers les arrêts, elle ne voit même pas Aziz venir vers elle. Ce n'est qu'une fois que l'un est en face de l'autre, qu'elle prend conscience de sa présence. Et elle est trop heureuse pour se fâcher. Comme pour se faire pardonner, pour la veille, elle sourit et ne refuse pas sa compagnie. Il veut faire un bout de chemin avec elle. Même si au fond de son cœur, elle lui en veut, comme à tous les hommes, parce que sa mère a été abusée puis abandonnée. Aucun ne mérite sa confiance, et surtout lorsqu'il est beau, sûr de lui et que la vie l'a gâté. Jamais il ne pourrait tenir compte des sentiments des autres. - Qu'ai-je dit hier qui t'a froissée ? lui demande-t-il l'interrompant dans ses pensées. J'ai eu beau y réfléchir toute la nuit je n'ai pas trouvé dans mes propos, un mot ou une phrase qui aurait pu t'avoir peinée. - C'était le tout Aziz, répond-elle. Il y a des moments où j'en veux à la Terre entière. - Mais pourquoi ? s'écrie Aziz en riant, ne prenant pas au sérieux sa réponse. La Terre entière n'a rien fait de mal apparent ! Si quelqu'un t'a déjà déçue, ce n'est pas une raison d'en vouloir aux autres ! - Et si ce quelqu'un était tout pour moi ? émet-elle en s'arrêtant sur la chaussée, pour mieux le regarder. Des larmes mouillaient son regard et un pli amer serrait ses lèvres. Cette personne a tout gâché, lâche-t-elle. Je ne peux faire confiance à personne. Je continuerai à vivre, dans la solitude. - Et moi, qu'est-ce que je deviendrais ? - Tu es déjà quelqu'un ou si ce n'est pas le cas, tu trouveras facilement, répond-elle. Nos routes se séparent ici Aziz ! Je ne veux plus te voir. - Mais je t'aime ! - Et l'autre ? Celle à qui tu as acheté les tailleurs et les robes ? lui rappelle-t-elle. Que va-t-elle devenir ? - Rien. Elle n'existe pas, lui avoue-t-il. Je n'avais pas d'autre moyen pour être avec toi. Si tu as remarqué, tout ce que j'ai acheté, est de ta taille. Tout est pour toi. - Ce n'est pas vrai ! - Si, c'est vrai ! Et j'ai même parlé de toi, à ma mère et à ma sœur. Sorreya fronce les sourcils. Il est si sérieux. Se pourrait-il qu'il soit amoureux d'elle ? Mais elle chasse vite cette idée de sa tête. Elle ne doit pas se laisser émouvoir. Aziz n'est pas pour elle. - Aziz ! Je ne veux plus te revoir. Laisse-moi en paix, prévient-il, mets-toi en tête que j'irai toujours te voir, à ton travail. - Ah non ! Il ne manque que cela. Son travail, c'est tout ce qu'elle a. Si sa patronne remarque qu'elle manque de sérieux, elle lui retirera sa confiance. Alors, elle se retrouvera sans rien et ça, elle ne le lui pardonnera jamais. Elle ne lui en donnera pas l'occasion…(À suivre) A. K. [email protected]