Les créances non performantes sont en train de peser sur la santé des banques publiques. On assiste aujourd'hui à des informations contradictoire sur l'état des banques publiques. D'une part, on fait valoir qu'elles ont un excès de liquidités, 10 milliards de dollars dans les caisses, qu'elles n'arrivent pas à traduire en une multitude de projets productifs créateurs d'emploi et de richesses. D'autre part, le ministre des Finances vient de confirmer que les banques vont être recapitalisées. Le chiffre qui a été avancé est énorme : la recapitalisation coûtera 3 à 4 milliards de dollars au Trésor public. En fait, ce que l'on ne dit pas clairement, nous explique une source bancaire sûre, très au fait de l'évolution de la situation des banques, c'est que si les pouvoirs publics vont devoir recapitaliser les banques, c'est que ces dernières ont des créances non performantes importantes — c'est-à-dire qui ne produisent pas — d'intérêt, dans leur portefeuille. Certaines ont fait de mauvais prêts. Le ministre des Finances, M. Medelci, lors de la récente rencontre patronat-banques, a d'ailleurs reconnu que des créances difficiles sont en train d'alourdir le portefeuille des banques publiques. Cette situation fait qu'elles sont obligées de constituer des provisions importantes. Les banques publiques risquent ainsi de “bouffer leur capital” si l'état n'intervient pas pour les recapitaliser. Certaines banques ont fait de mauvais prêts apparaît du reste, poursuit la même source, que certaines banques publiques n'ont pas respecté les ratios de division des risques, c'est-à-dire en gros la réglementation bancaire. Elles ont prêté au-delà de leurs capacités. Ces mauvais prêts sont en train de miner la santé des banques publiques, obligeant le propriétaire à un nouveau geste pour les soutenir. Sans quoi, elles risquent de tomber sous le coup de la sanction, c'est-à-dire la fermeture, si on venait à appliquer la réglementation. Les banques publiques à la case départ Le problème aujourd'hui, c'est que ces créances difficiles émanent non seulement du secteur public mais également du secteur privé. Si à la recapitalisation de 2001, un effort de l'état de 400 milliards de dinars, les créances difficiles, concernaient uniquement le secteur public, aujourd'hui, elles touchent à la fois le public et le privé. Une autre difficulté est venue compliquer la situation. Trois banques publiques : le Cpa, la Bna et la Bdl sont privatisables. On revient au même problème qu'en 2001, l'état doit mettre de nouveau la main à la poche pour valoriser les actions de ces banques. À défaut, le repreneur étranger ne se résoudra à acheter les actions de ces banques qu'à un prix très bas, car il tiendra compte de leur passif. Morale de l'histoire : au lieu de consacrer l'argent public à des dépenses d'investissement, l'état devra assainir de nouveau les banques publiques faute d'un traitement structurel, c'est-à-dire définitif de ces créances difficiles. Imaginez ce qu'on pourrait réaliser avec ces 3 à 4 milliards de dollars. Pas moins de 100 000 logements sociaux ! N. Ryad