Même s'ils étaient moins nombreux que la semaine dernière, les étudiants et enseignants des universités de Constantine, rejoints par des citoyens qui ont répondu favorablement à l'appel de la communauté universitaire, ont fait entendre leur voix pour le 27 mardi consécutif. Celle d'une rupture consommée avec les résidus du système politique qui a régenté le pays durant les deux dernières décennies et l'exigence du départ de toutes ses figures. La marche d'hier a constitué également pour les universitaires de Constantine une occasion pour renouveler leur appel à tous les citoyens à renforcer dorénavant les rangs des marcheurs du mardi et à remobiliser, en perspective de la rentrée sociale, les acteurs des marches mémorables tenues par la communauté universitaire dans cette ville avant les vacances d'été. Un été torride qui n'a pas empêché étudiants et enseignants des universités de Constantine de maintenir le cap avec la mobilisation et à marcher chaque semaine, souvent dans des conditions climatiques extrêmes. Des irréductibles qui donnaient l'air, hier, de se préparer avec plus de ferveur à la toute prochaine rentrée qui connaîtra, selon eux, une véritable escalade dans le mode de contestation, puisque les marches du mardi seront désormais ouvertes à tous citoyens. Sillonnant les principales artères du centre-ville depuis la place de la Pyramide, ils ont marqué deux haltes devant la cour de justice et le tribunal de Constantine où ils ont notamment scandé "Sahafa horra, adala moustakila'' (Presse libre, justice indépendante), "Libérez khawetna oua jibou oulad El-Gaïd'' (Libérez nos frères et amenez les enfants de Gaïd Salah) et "Libérez Bouregâa''. Sur le reste de l'itinéraire traversant la rue Abane-Ramdane et l'avenue Belouizdad (ex-Saint-Jean), ils ne lésineront pas sur les mots pour stigmatiser le panel de dialogue et de concertation, surtout à travers la personne de Karim Younès, ciblé au même titre que le chef d'état-major de l'armée par des mots d'ordre hostiles. Aussi répéteront-ils en chœur, en sus des traditionnels "Djazayer horra démocratia'' (Algérie libre et démocratique) et "Dawla madania, machi âaskaria'' (Etat civil et non militaire), "Karim Younès, chiyat el-îssabat'' (Karim Younès, valet du gang), "Karim Younès ma imethlnache, Gaïd Salah mayahkmnach'' (Karim Younès ne nous représente pas et Gaïd Salah ne nous gouverne pas) et "Les généraux à la poubelle, El-Djazayer teddi el-istiqlal'' (Les généraux à la poubelle, l'Algérie aura son indépendance). Ils estiment que le discours prononcé par Gaïd Salah, lundi, depuis la 2e Région militaire, est "un non-événement pour une raison simple : son auteur lui-même est rejeté par la rue depuis des mois déjà et n'a, de ce fait, ni de leçon à donner au peuple ni de feuille de route à lui suggérer''. De retour au point de départ, les marcheurs entonneront l'hymne national place de la Pyramide avant de se disperser dans le calme en promettant que chaude sera la rentrée.