Une source judiciaire a confirmé qu'une audition devant la Haute Cour de Londres sera organisée le 5 septembre pour étudier la requête contestant la suspension du Parlement par le Premier ministre britannique jusqu'au 14 octobre, soit deux semaine avant la date officielle du Brexit. Le bras de fer politico-juridique opposant les députés britanniques au Premier ministre Boris Johnson, depuis mercredi, a plongé Londres dans une crise inédite à la veille du Brexit, prévu pour le 31 octobre prochain. La suspension par M. Johnson des débats au Parlement jusqu'au 14 octobre a provoqué la colère des députés qui ont saisi la justice contre ce qu'ils considèrent comme un "coup d'Etat". Mais une première plainte de 75 députés pro-européens près d'une Cour écossaise a déjà essuyé un rejet qui doit toutefois être confirmé lors d'une audience prévue pour le 3 septembre, a rapporté la presse britannique. Une plainte contre la suspension du Parlement a été aussi déposée par Gina Miller, une femme d'affaires pro-européenne, qui avait imposé le débat sur le Brexit au Parlement, a rapporté la presse londonienne. Cette dernière vient d'avoir le soutien de Jo Swinson, du parti libéral démocrate, qui a annoncé dans un tweet que "les libéraux démocrates font tout ce qui est en leur pouvoir, devant les tribunaux et le Parlement, pour empêcher le coup de force autoritaire de Boris Johnson et un Brexit sans accord". Et d'ajouter : "Nous ne pouvons pas permettre au Premier ministre de faire taire le peuple et ses représentants." Un rassemblement d'une centaine de Britanniques pro-UE a eu lieu devant le siège de l'Union européenne, a rapporté le quotidien The Independant. Plusieurs autres manifestations sont prévues aujourd'hui, demain et mardi à travers le Royaume-Uni pour dénoncer la décision de Boris Johnson. Une pétition a également été lancée et a déjà recueilli plus de 1,6 million de signatures. Réagissant à cette contre-offensive de l'opposition, le Premier ministre qui a bénéficié du soutien de la reine Elisabeth II a affirmé que "toute tentative de bloquer le Brexit compromettrait gravement la confiance du peuple dans la politique". "Les députés ont promis de mettre en œuvre le mandat du peuple, ils ont promis de mettre en œuvre le Brexit et j'espère qu'ils le feront", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Sky, repris par les agences de presse. "Ce qui est étrange, c'est que plus les parlementaires tentent de bloquer le Brexit sans accord, plus il est probable que nous nous retrouvions dans cette situation", a-t-il encore martelé, selon les propos rapportés par le journal londonien The Guardian. Loin de cette bataille interne, l'Union européenne a affirmé encore hier sa disponibilité au dialogue pour éviter le 31 octobre un "No deal" qui serait néfaste pour les deux parties, même si surtout Londres qui en pâtira le plus. Une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères européens a eu lieu durant deux jours à Helsinki avec leur homologue britannique. Mais rien ne semble bouger dans le sens d'un Brexit apaisé.