En se mobilisant par centaines, hier, sur le Cours de la Révolution, les Annabis ont signifié à ceux qui en doutaient que le hirak continue et de plus belle encore dans cette wilaya qui l'a vu naître un certain 22 février 2019. Les groupes de personnes qui ont convergé vers cette place mythique de la ville côtière, dès la fin de la prière du vendredi, ont très rapidement formé une foule immense qui n'a pas tardé à marcher en scandant les slogans habituels contre les tenants du système. Voués aux gémonies depuis des semaines par les manifestants, le chef de l'Etat par intérim, Bensalah, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, ainsi que Karim Younès et les membres autoproclamés de l'instance de dialogue et de médiation ont été, cette fois encore, priés de quitter la scène politique. À ceux-là, les citoyens ont crié que le hirak n'est pas fini et qu'il va continuer jusqu'à la satisfaction des revendications populaires. Ces derniers n'ont cessé de clamer "Goulou l'el-Gaïd el-hirak rahou labes" (Dites à Gaïd Salah que le mouvement se porte bien) et "Makanch hiwar mâa el-îssaba" (pas de dialogue avec la bande de malfaiteurs). Le bras levé et le poing fermé en signe de défi, les marcheurs venus de tous les quartiers de la ville et même des communes avoisinantes ont arpenté la principale avenue d'Annaba en reprenant en chœur "Dawla madanya, machi âaskaria" et "Gaïd Salah dégage". Hommes et femmes, dont certains étaient accompagnés de jeunes enfants, ont ponctué leurs cris de protestation par des chants patriotiques, marquant à chacun de leur passage devant les locaux fermés des partis FLN et RND, une pause symbolique. La mobilisation citoyenne était à son maximum vers 15h30 avec l'arrivée d'un plus grand nombre de jeunes qui ont amplifié, par leurs cris de révolte, la manifestation. Entendu déjà lors des manifestations des deux vendredis passés, le slogan "Aw djay aw djay el-îssiane el-madani" (Elle arrive, elle arrive la désobéissance civile) a résonné comme une menace. Une menace dont il faudra tenir compte au vu de la détermination affichée, hier, par les citoyens qui ont participé à cette 28e marche consécutive du vendredi.