Un "bouclage" qui intervient moins d'une semaine après la sortie du chef d'état-major de l'ANP, qui a réitéré, le 26 août à partir d'Oran, son souhait de voir se tenir une élection présidentielle dans "les plus brefs délais". Cela ressemble fort à la fameuse grenouille de la fable de La Fontaine qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Sans légitimité et grandement fragilisé, à sa constitution déjà, en se faisant désigner par une sombre association et en obtenant ses "lettres de créance" auprès d'un chef de l'Etat impopulaire et illégitime, le panel semble avoir revêtu un costume trop ample pour lui et s'être engagé dans une entreprise largement au-dessus de ses moyens. Du coup, il peine non seulement à convaincre les personnalités et partis les plus crédibles à adhérer à sa démarche, mais surtout à imposer son autonomie d'action et de décision. On le voit à la célérité qu'il a mise à formuler des propositions alors qu'il n'a pas fait tout le tour des chapelles partisanes. Un "bouclage" du dialogue qui intervient moins d'une semaine après l'avant-dernière sortie du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui a réitéré, le 26 août à partir d'Oran, son souhait de voir se tenir une élection présidentielle dans "les plus brefs délais". "La logique impose que la préparation de cette élection commence dans les semaines à venir parce que le temps ne joue pas en notre faveur", a-t-il expliqué, avant d'appeler à "l'impératif d'accélérer le processus d'installation de l'instance nationale indépendante pour la préparation, l'organisation et la surveillance de l'élection présidentielle, qui représente une garantie essentielle pour surpasser la situation actuelle". L'appel n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et, le 31 août, les membres du panel ont conclu, après avoir rencontré 3 000 personnes représentant les acteurs politiques et ceux de la société civile, à la nécessité d'"aller rapidement vers une élection présidentielle dans les plus brefs délais" et annoncé être sur deux projets de loi relatifs à l'autorité d'organisation des élections et la loi électorale. Mieux encore, ils ont mis hier à la disposition des partis et des organisations leurs propositions sur le projet d'amendement de la loi organique relative aux élections pour la création d'une autorité nationale indépendante chargée de l'organisation d'une élection transparente et régulière pour un éventuel enrichissement. Bien plus, ils ont établi un rapport préliminaire des résultats des étapes de dialogue et de médiation menés depuis un mois. Sauf que Karim Younès et ses amis semblent avoir oublié la promesse d'engager un dialogue aussi inclusif que possible, conformément à la feuille de route qui leur a été tracée par le chef de l'Etat. Sommés d'accélérer la cadence pour aller au plus vite à la présidentielle, les membres du panel font désormais dans la précipitation et "laissent sur le carreau" un grand nombre d'acteurs qu'ils n'ont pas encore approchés pour recueillir leurs propositions. Cela dit, Karim Younès et ses amis n'en sont pas à leur première reculade. On s'en souvient, au lendemain de la désignation du panel pour mener le dialogue, son coordinateur a posé sept préalables (ils étaient jugés acceptables par le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah) pour pouvoir entamer sa mission. Le niet catégorique opposé par le vice-ministre de la Défense à ces préalables, assimilés à des "diktats" et à de la surenchère, a mis Karim Younès en position de ravaler ses menaces avant d'oublier, carrément, les préalables, en rencontrant depuis des milliers de personnes, lui qui a pourtant déclaré le 6 août dernier sur Radio M : "Je ne peux pas concevoir de me réunir autour d'une table pour dialoguer avec des partis politiques alors que des jeunes sont en prison pour des raisons qui ne tiennent pas debout." En cédant dès le départ sur sa position principielle, le panel, déjà privé du soutien populaire, a entamé sa crédibilité et ne pouvait alors que se laisser dicter, de la part des tenants du pouvoir, la marche à suivre.