En jugeant "opportune" la convocation du corps électoral pour le 15 septembre prochain, le chef d'état-major de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, n'a pas seulement "grillé" la politesse au chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, auquel échoit le rôle de faire une telle annonce, mais semble avoir donné un coup de grâce à l'Instance nationale de dialogue et de médiation. Car, en effet, dès son installation en juillet dernier, l'instance avait annoncé que sa mission était d'engager un dialogue avec tous les acteurs et autres personnalités, de recueillir et d'essayer de rapprocher tous les points de vue dans la perspective d'une conférence nationale, laquelle aura à adopter une feuille de route de sortie de crise consensuelle et aura à fixer le calendrier électoral. Mais Ahmed Gaïd Salah, visiblement impatient, n'a pas donné le temps nécessaire à cette instance non seulement pour "achever son dialogue", mais aussi pour peaufiner ses propositions. C'est la troisième fois que le chef d'état-major "torpille" le travail de cette commission. Après avoir balayé du revers de la main les "préalables", Ahmed Gaïd Salah s'est également opposé à la proposition d'une charte d'éthique à laquelle devraient s'astreindre les postulants à la magistrature suprême. Et lundi, il annonce unilatéralement depuis Ouargla la convocation du corps électoral pour la mi-septembre alors que l'instance n'a pas encore "achevé" son travail. Pis encore, elle ne semble pas avoir tenu compte des propositions des autres forums et des dynamiques de la société civile. Dans un communiqué publié sur son compte facebook, Mostefa Hamouda, membre du conseil consultatif du panel, qui a décidé de rendre son tablier, a pointé du doigt quelques carences dont souffre l'instance. "Tout en sachant que cette instance n'avait pas vocation à décider de quoi que ce soit et à n'émettre que des avis, j'avais espéré qu'on nous aviserait lorsque des orientations importantes seraient imminentes. Or, ce fut loin d'être le cas puisqu'avant même la fin de nos travaux nous avons su, comme n'importe quel citoyen de la rue, que des élections allaient être organisées dans des délais record", a-t-il écrit. La question est, dès lors, de savoir pourquoi cet empressement de Gaïd à fixer l'échéance électorale alors que les conditions ne s'y prêtent guère ? Est-il soumis à quelque pression ? Ou sa lecture de la situation est-elle tronquée ? Gaïd Salah se rend-il à l'évidence des limites de l'action de cette instance ? Ou celle-ci était-elle simplement mise en place pour servir de paravent et de couverture? Quelles que soient les raisons à l'origine de la décision du chef d'état-major, celle-ci signe assurément la fin du "dialogue" mené par le panel, comme l'a souligné Mostefa Hamouda.