En quittant le Centre anti-cancer de Draâ Ben Khedda, il s'est retrouvé face à une foule de manifestants en furie qui s'est rapidement et spontanément rassemblée devant l'entrée de l'hôpital. Le ministre de la Santé, Mohamed Miraoui, qui s'est rendu hier dans la wilaya de Tizi Ouzou pour donner le coup d'envoi de la rentrée scolaire, est reparti, mais en comprenant fort bien qu'il était indésirable, à l'instar de tous les officiels et comme partout ailleurs sur le territoire national où l'empêchement des autorités a tendance à devenir une tradition. Si le ministre qui est arrivé peu avant 8h au siège de la wilaya, sous une impressionnante escorte de la gendarmerie et de la police, a dû se sentir en terrain reconquis puisqu'il a débuté sa visite dans la sérénité au CEM Mouloud-Feraoun de la ville, où il a pris le temps de savourer le cours de propagande politique présenté en guise de leçon inaugurale, il est, en revanche, reparti en ayant, sans doute, quelques sueurs froides. Et pour cause, en quittant le Centre anti-cancer (CAC) de Draâ Ben Khedda dont il venait de visiter, longuement et sereinement, les différents services en compagnie du wali, du DSP et des députés du RND et du FLN, le ministre s'est retrouvé face à une foule de manifestants en furie qui s'est rapidement et spontanément rassemblée devant l'entrée de l'hôpital. "Klitou lebled ya sarraqine", "Klitou lebled ya el-îssabate", "Pouvoir assassin", scandaient, entre autres, les manifestants qui tentaient de pénétrer dans l'enceinte de l'hôpital sans toutefois user de la moindre violence physique. Un climat de tension et de panique s'installe parmi la délégation ministérielle et une escouade de gendarmes et de policiers a été vite mobilisée pour tenir éloignés, sans toutefois recourir à la violence, les manifestants et libérer un passage pour le cortège officiel qui a alors quitté les lieux en trombe. Déterminés à ne pas lâcher prise, les manifestants continuaient à courir derrière le cortège officiel sur une distance de plusieurs dizaines de mètres tout en scandant les mêmes slogans. C'est dire que ce test de terrain auquel s'est soumis le ministre de la Santé, qui a été dépêché sans nul doute en éclaireur dans cette région où d'autres visites officielles seraient déjà en préparation, a été, pour le moins que l'on puisse dire, laborieux et il le sera, assurément, autant pour son collègue de la Jeunesse et des Sports dont la visite serait imminente. Cela dit, le ministre de la Santé a, toutefois, eu le temps d'animer un point de presse au cours duquel il n'a pas trouvé mieux que d'accuser les distributeurs de produits pharmaceutiques d'être les seuls responsables des pénuries de médicaments pour ainsi disculper son département et le gouvernement qui n'ont pourtant su ni prévenir ni gérer et encore moins remédier à ce problème récurrent. À quelques citoyens reçus par le ministre, initialement pour les besoins des caméras de l'ENTV, mais qui ont, toutefois, soulevé la question du manque de médicaments même pour les cancéreux, le ministre a répondu qu'il est venu "juste pour l'ouverture de l'année scolaire" et que pour autre chose, soit pour les problèmes sérieux, il reviendra, pour reprendre ses mots, "bientôt en visite de travail".