Dans une contribution publiée hier dans les colonnes du quotidien El Watan, l'ex-chef de gouvernement Mouloud Hamrouche a soutenu que "demander aujourd'hui l'organisation au plus vite de l'élection apparaît comme une logique froide de raison. Mais il reste à savoir et à fixer les conditions, les garanties et l'organisation des vérifications, de contrôle et des voies de contrôle pour une élection qu'on veut exemplaire et originelle". Au-delà des conditions d'organisation de ce scrutin à mettre en place, Mouloud Hamrouche s'interroge sur les pouvoirs du futur président. "Certes, la Constitution actuelle lui confère tous les pouvoirs, mais sans aucun mécanisme opératoire, toutes ses décisions dépendront du soutien ou non de réseaux … essence du système qui ont réduit l'activisme de la société et des partis à un niveau infra-politique, et empêché le gouvernement d'être l'organisateur régulateur de l'économie ou un arbitre social". Et d'ajouter qu'actuellement, "aucune organisation, association, ni aucun parti politique n'a les compétences et les ressources nécessaires pour prétendre constituer une alternative possible et crédible de gouvernement, ni apporter un vrai soutien, ni organiser ou surveiller une vraie élection ou conduire un processus de changement". Il est d'avis que le "dialogue n'est pas une fin en soi, ni n'a de vertu par lui-même. La qualité politique et morale, et la diversité de ceux qui y participent ou y contribuent seront ou ne seront pas en cause. Ce sont la pertinence, la prépondérance et la puissance qui confèrent crédit et faisabilité à leurs conclusions et aboutissements". L'ex-chef de gouvernement pense que "le changement du système n'est pas le problème, mais la solution". Selon lui, le peuple "n'a pas créé de nouvelles difficultés, ni de nouvelle déstabilisation ni de nouveau dysfonctionnement, y compris sur les plans économique et social ; il n'a davantage pas créé de perturbation ni de violence supplémentaire au pouvoir et à l'armée". Il considère le mouvement populaire enclenché depuis le 22 février dernier comme "un sursaut de survie et une action préventive contre une possible déstabilisation généralisée et internationalisée" qui a poussé "des hommes et des gardiens du système à patauger dans leurs propres incohérences, turpitudes et crises". Mouloud Hamrouche affirme que le commandement de l'armée a affiché une position en harmonie avec le hirak en activant l'article 102 de la Constitution en liaison avec les articles 7 et 8, mais que ce sont "des élites timorées et incrustées dans les réseaux d'allégeance et de coercition/corruption qui posent problème", cela, explique-t-il, en voulant "garder le droit d'autogérer le pouvoir, de préserver leur statut et position tout en maintenant leur divorce avec le peuple et leur désincarnation sociale et identitaire". Aussi, pour Mouloud Hamrouche, "le choix n'est pas et ne doit pas être entre le système ou le chaos, mais entre le système et une Algérie meilleure".