Résumé : Idir a bien vu que Kamélia était triste et qu'elle n'allait pas bien. Il sent qu'elle lui reproche quelque chose. Elle ne peut pas lui expliquer qu'elle n'en peut plus de souffrir et ne se pardonnerait pas d'être la cause de son malheur. Kamélia en veut au monde entier. Elle ne comprend pas pourquoi elle n'aurait pas droit à sa part de bonheur. Dans le fond, elle ne demande pas grand-chose à la vie. Elle veut une vie de femme ordinaire : un mari, des enfants à choyer, leurs familles et leurs amis avec qui partager les moments heureux et douloureux de la vie. "Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter cette solitude ?" Idir la regarde perdue dans ses pensées. Il toussote pour lui rappeler sa présence. Kamélia soupire et se prend la tête entre les mains. - Ecoutez, je ne vous reproche rien. S'il vous plaît, je voudrais rester seule. J'ai du travail. - Bon, je vous laisse travailler. Bon courage. Kamélia le remercie d'un hochement de tête. Elle peut enfin souffler. Après son départ, elle n'aura pas le temps de penser à lui. Elle a une journée chargée et n'a pas pris de pause déjeuner. À l'heure de fermeture des bureaux, elle est presque surprise par l'appel de Nawel. - Je t'attends dehors, lui dit-elle. Le temps de ranger ses affaires, elle sort sur la pointe des pieds. Elle ne veut pas tomber face à face avec Idir. Elle traverse rapidement le couloir et sursaute en le voyant. Il est là, une serviette en cuir sous le bras. Il sourit en la voyant arriver. Kamélia est persuadée qu'il l'attendait. - Bonsoir, dit-elle, presque gaiement, pour dissimuler son malaise. À demain. - Oui, à demain. Elle descend rapidement les escaliers et retrouve Nawel au parc où un chauffeur les attend pour les déposer chez elles. - Personne n'a osé bouger aujourd'hui, dit Nawel. Il a mauvaise réputation. Là où il passe, il y a des renvois, des rappels à l'ordre. - S'il te plaît, ne me parle pas de lui. J'ai mal au ventre. J'ignore si c'est dû à la faim ou au stress. S'il vous plaît, déposez-moi devant une boulangerie ou un restaurant. Nawel, allons manger ensemble, propose-t-elle à son amie, mais celle-ci s'excuse. - Désolée ma belle, mais je suis attendue à la maison. On s'appelle plus tard ? Lorsqu'elle descend du véhicule, une rafale de vent ouvre les pans de sa veste. Décidément, le temps est aussi triste qu'elle. Elle relève le col, puis se glisse dans la foule qui avance, tête baissée contre la pluie. Par un temps pareil, l'endroit rêvé est d'être chez soi, au sec et à l'abri du vent. Mais Kamélia ne peut pas se résoudre à rentrer, sachant que seule la solitude l'attendrait. Elle continue de marcher devant elle, comme une automate. Est-ce qu'un jour, quelque chose aurait de l'importance à ces yeux ? Dans sa vie ? Riad l'a rayée si brusquement de la sienne qu'elle ne pourra plus jamais se fier aux autres. Même à Idir. (À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.