Ils devront répondre des chefs d'inculpation de déploiement de banderoles portant atteinte à l'unité nationale et à la sécurité de l'Etat, retenus contre eux par le magistrat instructeur. Arrêtés par la police lors d'un rassemblement pacifique contre la tenue de l'élection présidentielle, avant-hier dimanche à Constantine, trois détenus ont comparu, hier, devant le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Ziadia qui les a traduits devant le juge d'instruction qui a ordonné, après leur audition, qui a duré toute la journée, leur mise sous mandat de dépôt. Un verdict attendu après le sort réservé aux 23 manifestants arrêtés vendredi dernier à Alger. Ils devront répondre des chefs d'inculpation de port de banderoles portant atteinte à l'unité nationale et incitation à attroupement portant atteinte à la sécurité de l'Etat, retenus contre eux par le magistrat instructeur. Des accusations, par ailleurs, sévèrement punies par la loi. Il convient de rappeler que ces arrestations ont eu lieu lors d'un rassemblement pacifique de manifestants, dont des étudiants, devant le palais de la culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa au centre-ville de Constantine pour exprimer leur rejet de l'élection présidentielle. Les forces de l'ordre présentes sur place ont encerclé les manifestants et n'ont pas hésité à les disperser violemment. Une dizaine de manifestants, dont deux journalistes, ont été interpellés et embarqués brutalement dans des fourgons de police. Les deux journalistes ont été relâchés quelque temps après leur arrestation, suivis plus tard par la libération de trois autres manifestants arrêtés le même jour, soit le dimanche. En revanche, deux personnes sont toujours en détention. Enfin, il y a lieu de noter que pas moins de sept avocats se sont constitués pour assister et défendre les trois prévenus alors que d'autres plaideurs se sont déjà portés candidats à défendre Bekouche Mohamed, Rahmani Hacène et Tahar Ouglou le jour du procès. À signaler que c'est la première fois que des manifestants sont arrêtés et présentés devant le juge d'instruction depuis le début du soulèvement populaire le 22 février dernier. La mise sous mandat de dépôt des trois manifestants en question a soulevé une vague d'indignation sur les réseaux sociaux à Constantine. Akram, un ami des détenus, a exprimé sa colère devant cet état de fait. "C'est inacceptable. Pourquoi les accuser d'atteinte à l'unité nationale et à la sécurité de l'Etat alors qu'ils ont juste manifesté leur rejet de l'élection présidentielle. Nous voulons simplement le bien pour notre pays. C'est plutôt ‘eux' qui veulent porter atteinte à la sécurité de l'Etat en réagissant de cette façon contre des manifestants pacifiques", dénonce-t-il.