Le contexte actuel que vit l'Algérie, marqué par la chute des cours pétroliers, révèle, encore une fois, la vulnérabilité de l'économie nationale face aux chocs externes. La tendance baissière amorcée par les cours du pétrole depuis la mi-2014 et ses répercussions négatives sur les recettes du pays plaident en faveur de la diversification des exportations et de l'amélioration des niveaux des exportations hors hydrocarbures (EHH). Le challenge qui doit être relevé dans ce cadre porte sur l'élargissement de l'éventail des produits destinés à l'exportation, tout en diversifiant les pays de destination. En dehors du pétrole et du gaz, l'Algérie n'a exporté que pour une valeur de 2,830 milliards de dollars en 2018. Non seulement le seuil psychologique de 3 milliards de dollars n'a pas été atteint, tel que prévu par le ministère du Commerce, mais ces EHH demeurent pour le moins insignifiantes tant en valeur qu'en volume (6,87% du volume global des exportations). Cet amer constat établi par tous les observateurs, très au fait du secteur, est dû essentiellement à l'insuffisance de l'offre des produits, en termes de qualité et de quantité, d'une part, et de manque d'expertise dans les métiers de l'exportation, d'autre part. Toutes les mesures prises et les mécanismes mis en place par les exécutifs successifs visant le développement et la promotion des EHH et l'amélioration de l'environnement de l'entreprise de manière générale se sont avérés vains. L'on déplore en fait une absence d'une volonté politique réelle à ce propos. Sinon, comment expliquer les multiples contraintes auxquelles font face les opérateurs pour exporter leurs produits qui ne sont jamais levées ? Les contraintes identifiées Les exportateurs évoquent souvent une disponibilité insuffisante du fret maritime et aérien. À titre d'exemple, arguent-ils, une exportation de 3 tonnes vers l'Afrique (Niamey-Dakar-Bamako) dure trois semaines. Des délais trop longs surtout pour les produits périssables. Ils déplorent également les dispositions de l'ordonnance 96-22 et 03-10 "faisant encourir aux exportateurs des peines de prison et des amendes en cas de non-rapatriement ou d'insuffisance de rapatriement dû à un incident de paiement". Pour eux, le coût du fret maritime et aérien est élevé par rapport à la concurrence. Pis encore, ils trouvent inadmissible le "refus de certaines compagnies maritimes étrangères installées en Algérie (Maersk et MSC) du paiement du fret maritime en dinar". Ils relèvent en outre l'inexistence d'un dispositif de soutien au financement à taux bonifié au profit des exportateurs. Ces derniers dénoncent par ailleurs les "lenteurs pour la délivrance des autorisations liées aux produits sensibles dans l'achat des matières premières et de leurs exportations". Ces opérateurs constatent aussi l'"inexistence d'un dispositif dans la réglementation des changes ayant trait au service après-vente des produits industriels électroniques et le remplacement des pièces défectueuses dans le cadre de la garantie". Cela dit, pour faire face à cette situation, experts et opérateurs s'accordent sur la nécessité de mettre en exergue les potentiels de diversification des EHH et de réfléchir sur les voies et moyens à même de les développer. Il est tout aussi impératif d'évaluer la portée du dispositif et des décisions de promotion et de soutien aux EHH et d'en mesurer l'efficacité. L'on parle en fait des mesures institutionnelles : l'appui financier, les exonérations fiscales, les régimes douaniers et les facilitations douanières, le contrôle des changes et la réglementation bancaire, les procédures… C'est dire qu'un véritable travail d'inventaire de l'ensemble des chaînes de valeurs et des marchés cibles prioritaires doit être fait par les vrais professionnels, dont le premier jalon serait peut-être jeté lors du séminaire ayant pour thème "Les EHH en Algérie : enjeux, opportunités et contraintes", prévu ce mercredi 25 septembre à l'auditorium Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. B. K.