Le gouvernement de transition soudanais, installé début septembre, fait déjà face à d'énormes difficultés. Plusieurs rassemblements de protestation ont eu lieu ces derniers jours contre l'insécurité et la pénurie des produits de première nécessité. Plusieurs centaines de personnes sont sorties hier dans les rues du Darfour-Sud pour protester contre la situation sécuritaire alarmante dans cette région. Lors de ce rassemblement, les manifestants ont dénoncé l'aggravation de l'insécurité après la montée de la violence au cours des deux dernières semaines causant plusieurs morts, selon des médias locaux. Les manifestations ont été menées par des organisations professionnelles et des leaders des Forces de la liberté et du changement (FLC), fer de lance de la révolution soudanaise. Outre la dénonciation de l'insécurité, les Soudanais ont également appelé le gouvernement à l'application de mesures urgentes afin de faire face à une situation socioéconomique de plus en plus préoccupante. Les marches contre la pénurie de pain et d'essence se sont d'ailleurs multipliées ces derniers jours, s'étendant à plusieurs régions du pays. Lundi, des centaines de personnes sont sorties dans les rues de la capitale Khartoum pour protester contre la cherté de la vie et la rareté des denrées alimentaires de première nécessité. La veille, un rassemblement de lycéens au Darfour-Sud contre la pénurie de pain avait dégénéré après que les forces de sécurité ont fait usage de tirs de gaz lacrymogènes contre les manifestants. La montée de la contestation dans le pays risque d'aller crescendo et de mettre, de fait, le gouvernement de transition, installé le 6 septembre, devant de sérieuses difficultés. Le Premier ministre Abdellah Hamdouk, qui a fait du rétablissement de la paix sa première priorité, se trouve déjà confronté à une situation explosive. Le ministre de la Défense, Djameleddine Amer, a déclaré hier que "l'armée veillera à la sécurité et à la quiétude des citoyens et prendra toute les mesures nécessaires pour le rétablissement de la paix dans le pays", mais cette déclaration n'est pas près de rassurer les Soudanais du Darfour, en proie, depuis 2003, à un conflit entre des rebelles issus d'une minorité ethnique et les forces gouvernementales de l'ex-président Omar al-Bachir. Sur un autre plan, économique cette fois-ci, le gouvernement de M. Hamdouk fait face à d'énormes défis dont le plus urgent est d'assurer la disponibilité des produits de première nécessité. Depuis plusieurs mois, le Soudan est confronté à une grave crise multidimensionnelle qui a contribué à augmenter considérablement le coût de la vie dans un pays où près de la moitié de la population (43,5%) vit sous le seuil de la pauvreté. Le Premier ministre a certes promis d'engager des réformes en vue de sortir le pays de sa crise économique chronique mais, encore ici, les marges de manœuvre dont dispose M. Hamdouk, économiste de 61 ans, risquent d'être réduites par le facteur temps, sachant que les demandes des Soudanais ont un caractère urgent.