Le procureur de la République près le tribunal militaire de Blida a requis, hier, vingt ans de prison ferme contre la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, Saïd Bouteflika, le frère du président déchu, et les anciens patrons des services de renseignement le général de corps d'armée à la retraite Mohamed Mediène dit Toufik et le général-major Bachir Tartag. Le procès Toufik, Tartag, Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune, qui s'est ouvert lundi au tribunal militaire de Blida, s'est poursuivi hier. Le procureur a requis vingt ans de réclusion criminelle contre les quatre prévenus. Le tribunal a auditionné, dans la matinée, l'ancien patron du DRS le général de corps d'armée à la retraite Mohamed Mediène dit Toufik et, dans l'après-midi, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. L'audience d'hier s'est déroulée en l'absence, comme au premier jour, de l'ex-coordinateur des services secrets le général-major Bachir Tartag, mais en présence de Saïd Bouteflika qui, la veille, avait demandé à quitter l'audience et y a été autorisé. Il avait quitté le tribunal une demi-heure après le début du procès, après avoir refusé de répondre aux questions du magistrat. Convoqués en qualité de témoins dans l'affaire, l'ex-conseiller d'Abdelaziz Bouteflika Sid-Ali Boughazi, son secrétaire particulier Mohamed Rougab, l'ancien secrétaire général de la présidence de la République Habba Okbi, ainsi que quatre officiers chargés de l'écoute et de la gestion de la résidence Affia, où a eu lieu le 27 mars la rencontre secrète entre Saïd Bouteflika, le général Toufik et Louisa Hanoune, étaient présents à l'audience. Lors de son audition, le général Toufik a précisé, selon son avocat, Me Farouk Ksentini, au magistrat que la rencontre pour laquelle il est incriminé était une rencontre avec un conseiller du président encore en exercice et avait pour but de "proposer une personnalité nationale susceptible de résoudre la crise". Abordant les circonstances de son entrevue avec l'ancien président de la République Liamine Zeroual, l'ancien patron du DRS, qui s'exprimait difficilement, a soutenu que c'est Saïd Bouteflika qui avait proposé de le désigner en tant que Premier ministre, avec les prérogatives d'un président, pour gérer la période de transition, après avoir décliné l'option des deux anciens Premiers ministres Ahmed Benbitour et Ali Benflis. Le général Toufik a affirmé que Zeroual était au début d'accord "de se mettre au service du pays" et lui a même "donné rendez-vous pour le 30 mars", chez lui à la "résidence de Moretti". Selon le même prévenu, le président Zeroual a décliné l'offre à la dernière minute, prétextant la détérioration de son état de santé et l'envergure prise par le hirak. Se défendant contre les accusations dont il fait l'objet, le général Toufik s'est dit victime de persécution, surtout depuis l'ouverture par ses services de certains dossiers de corruption. "Le président Bouteflika ne souhaitait pas l'ouverture du dossier Sonatrach. Ce qui m'a coûté mon poste", a affirmé l'ex-patron des services secrets. Le magistrat a ensuite auditionné la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, pendant une heure. Loquace comme à son habitude, la prévenue a tenté de démonter une à une les accusations portées contre elle. "Toutes les tentatives de l'interrompre ont été vaines", nous dit-on. "Elle a défendu tout le monde en soutenant notamment qu'il fallait faire face à une situation", ajoute notre source, en l'occurrence la vacance de la présidence de la République à cause de l'incapacité de Bouteflika à gouverner le pays. Concernant Saïd Bouteflika, qui a été le premier accusé à être appelé à la barre lundi, le magistrat s'est suffi de la lecture de ses procès-verbaux durant l'instruction. Le magistrat a ensuite appelé à la barre le premier témoin, à savoir l'ex-conseiller de Bouteflika, ancien ministre de la Justice et président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz, pour recueillir son témoignage. À l'issue des auditions, le procureur a prononcé son réquisitoire, après quoi les avocats ont entamé leurs plaidoiries. Nissa H.