La commission Volcker promet d'autres noms de fonctionnaires onusiens qui ont mangé dans la main de Saddam. L'affaire “Pétrole contre nourriture” refait surface. Le scandale de l'opération “Pétrole contre nourriture”, que la communauté internationale avait mis en œuvre après la première guerre contre Saddam Hussein pour ne pas affamer le peuple irakien, n'a pas fini de livrer ses secrets. La liste des “arrosés”, rendue publique, est longue. Elle touche de multiples personnalités du monde occidental et de pays arabes qui, non seulement, se sont servis sur le dos de vivres de première nécessité et de médicaments destinés à un peuple exsangue par la guerre déclenchée par le père Bush — avec les soutiens actifs de, pratiquement, tous les régimes arabes —, mais ont, grâce au jeu de la tchipa, donné un nouveau souffle au régime de Saddam. Même l'ONU n'a pas échappé à la corruption. Koffi Annan, bien qu'il ait été personnellement blanchi par une commission indépendante, est tout de même concerné par le biais de son fils qui a accédé à des marchés irakiens grâce à la position de son père. L'affaire, après avoir été plus ou moins mise sous le boisseau, vient de rebondir avec la révélation sur l'implication d'un ancien responsable de l'ONU, Benon Sevan. Un rapport de la commission d'enquête indépendante accuse cet ex-fonctionnaire onusien, de surcroît, directeur du programme destiné à alléger les conséquences de l'embargo dont était frappé le régime de Saddam, d'en avoir tiré de manière corrompue un bénéfice financier. La commission dirigée par l'ex-président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker, a indiqué que Sevan a bénéficié, pour un montant de 147 184 dollars, des allocations de pétrole accordées, à sa propre demande, à la compagnie African Middle East Petroleum (Amep). Le rapport retrace le cheminement, entre fin 1998 et fin 2001, de sommes tirées des ventes d'environ 7,3 millions de barils de pétrole irakien par l'Amep, d'abord vers un compte bancaire à Genève puis vers le compte de Sevan à New York. Chypriote, âgé de 67 ans, l'ex-directeur du programme “Pétrole contre nourriture” a nié ces accusations. La commission promet d'autres noms parmi les anciens fonctionnaires de l'ONU ayant travaillé en Irak. Le programme, d'une valeur de 64 milliards de dollars, a permis à Bagdad, de 1996 à 2003, de vendre du pétrole et d'acheter en échange des biens pour sa population, mais plusieurs milliards de dollars ont aussi été détournés, ce qui est à l'origine d'un scandale qui secoue l'ONU depuis plusieurs mois. Le scandale est comme du pain béni pour la Maison-Blanche, dont l'hôte s'accommode tout juste de l'ONU, qu'il voudrait bien mettre à son service exclusif. D. Bouatta