Les avocats laissent entendre que les voies de recours légales seront utilisées pour obtenir un nouveau procès et que la bataille judiciaire n'en est qu'à son début. Le tribunal militaire de Blida a condamné, hier, à 15 ans de prison Saïd Bouteflika, les deux ex-patrons des services de renseignement le général de corps d'armée Mohamed Mediène, dit Toufik, et Athmane Bachir Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. Un verdict jugé sévère par la défense. Une peine de 20 ans de réclusion a été également prononcée contre l'ancien vice-ministre de la Défense Khaled Nezzar, son fils Lotfi et Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, tous trois en fuite et jugés par contumace. Quelques heures auparavant, le parquet avait requis 20 ans de réclusion contre les sept prévenus. Dans un communiqué rendu public hier, le tribunal militaire de Blida a rappelé que "les accusés sont poursuivis pour des faits commis dans une enceinte militaire, la résidence Dar El-Afia, et qualifiés par la loi de crimes de complot ayant pour but de porter atteinte à l'autorité militaire et de complot contre l'autorité de l'Etat, faits prévus et réprimés respectivement par l'article 284 du code de la justice militaire et 78 du code pénal". Me Ksentini, avocat du général Mohamed Mediène, trouve la sentence "très sévère" vu que la défense a plaidé l'acquittement. "Mais les voies de recours existent. On peut faire appel devant la cour militaire pour un nouveau procès et, par la suite, on a la possibilité de se pourvoir en cassation devant la Cour suprême. Auparavant, le collectif de défense doit d'abord consulter notre client et c'est à lui de se déterminer et de décider ce qu'il y a lieu de faire", ajoute l'avocat. Me Boudjamâa Ghechir, avocat de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, a été également surpris par ce verdict, vu, nous confie-t-il, "les faits reprochés, les débats et les plaidoiries durant l'audience". Et d'ajouter : "Louisa Hanoune n'a rien commis de condamnable. Elle était dans son rôle de chef de parti de s'enquérir de la situation du pays. En plus du fait qu'elle était protégée par son immunité parlementaire. Elle fera certainement appel de ce jugement." Selon lui, la secrétaire générale du PT a fait face au verdict "avec beaucoup de courage. Et même durant son audition elle a analysé magistralement la situation politique du pays, donné son avis et argumenté les raisons de sa rencontre avec Saïd Bouteflika et Toufik. Au point que le magistrat lui a répliqué qu'elle plaide sa cause de telle manière qu'elle n'a laissé aucun argument nouveau à sa défense". L'énoncé du verdict a été immédiatement suivi par une réaction de sa formation politique. Youssef Ramdane Tazibt a ainsi estimé que "la judiciarisation de l'activité politique, syndicale, associative et médiatique constitue un danger mortel pour la démocratie et le multipartisme".