A Bouira, les manifestants sont indignés après la mise sous mandat de dépôt de l'opposant Karim Tabbou. C'est aux cris de «Ni Benflis, ni Tebboune, le peuple est seul président !», que des dizaines de milliers de manifestants ont investi, en début d'après-midi d'hier, les rues de la ville de Bouira, pour le 32e vendredi de marche pacifique contre le système. La foule, qui a encore une fois déployé des pancartes rejetant catégoriquement l'élection présidentielle, a dénoncé l'arrestation arbitraire et la mise sous mandat de dépôt du militant et opposant politique, Karim Tabbou. Ce dernier a été envoyé en prison pour la deuxième fois, après une libération qui a duré 48 heures. «Ce sont des pratiques d'un pouvoir dictatorial. Qui a ordonné son arrestation et qui l'a envoyé à la prison ?» s'interroge, indigné, un manifestant. Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Le silence de l'opinion internationale est une trahison. C'est une irréfutable complicité» ; «Non aux élections truquées à l'avance» ; «Si voter changerait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit» ; «Le Dieu auquel je crois est plus beau à celui qu'on propose» ; «L'abrutissement médiatique des citoyens et la valorisation du rapport de force détruisent jour après jour les bases culturelles et éthiques de la démocratie» ; «La stabilité de la démocratie se renforce avec la multiplication des manifestations de rue» ; «Le peuple rejette vos élections» ; «Pour une période de transition» ; «A bas le régime militaire» ; «Nous avons notre mot à dire : ni Teboune, ni Benflis, Ulac L'vote Ulac», les marcheurs disent non au scrutin présidentiel et réclament la libération des «otages». Les manifestants à Bouira, comme partout à travers les wilayas du pays, ont fait preuve de détermination à aller au bout de leur révolution. En plus des messages portés sur les pancartes et les banderoles appelant à la libération des détenus politiques et d'opinion, la foule a scandé des slogans hostiles au chef d'état-major de l'ANP, le général-major Ahmed Gaïd Salah, et a insisté surtout sur la primauté du politique sur le militaire : «Le peuple veut la chute de Gaïd Salah !», ou encore «Les généraux à la poubelle et l'Algérie aura son indépendance !» La procession humaine qui a sillonné les rues du chef-lieu de wilaya s'est dispersée dans le calme, a-t-on constaté sur place.