Fin d'un faux suspense. Abdelmadjid Tebboune a finalement affiché publiquement son intention de briguer la présidence de la République. Il a retiré, ce jeudi, les formulaires de souscription qui lui permettront d'être candidat à la présidentielle de décembre. Pour sa première apparition publique depuis son retrait des affaires en août 2017, celui qui était Premier ministre de Bouteflika durant trois mois a voulu impressionner. Arrivé à bord d'une belle berline noire peu avant 13h aux bureaux de l'Autorité nationale indépendante des élections, Abdelmadjid Tebboune était accompagné d'un staff déjà choisi. Il a nommé le diplomate Abdellah Baali comme directeur de campagne et l'universitaire Mohamed Lagab comme chargé de communication. Affable, l'homme a affronté, quelques minutes après un court passage dans les locaux de l'instance situés à la Résidence de Club-des-Pins, la nuée de journalistes dans la peau d'un présidentiable sûr de lui. "Je suis venu redonner aux Algériens leur fierté", dit-il d'emblée. L'entrée en matière rappelle, étrangement, les promesses d'Abdelaziz Bouteflika, une fois arrivé à la présidence de la République en 1999. "Ma priorité est de redresser le pays", a encore indiqué l'ancien ministre de l'Habitat, qui a précisé que l'économie sera sa priorité. "J'essaierai de redonner espoir aux jeunes pour qu'ils oublient la harga", a-t-il ajouté. S'il affirme que tout ce qu'il entreprendra sera "politique", Abdelmadjid Tebboune estime que la solution à la crise que vit le pays est avant tout économique. Rappelant sa formation d'économiste, l'ancien Premier ministre souligne que "c'est l'entreprise qui crée de la richesse" et qu'"on ne peut pas être contre les entrepreneurs, mais on demande la probité". "Il faut aider à faire émerger de nouveaux entrepreneurs algériens (…) Les start-up seront au cœur de mon action. Ce sont les start-up qui ont permis à la Corée du Sud de devenir une grande économie", a-t-il indiqué. Mais le développement de l'économie ne doit pas, selon lui, mêler argent et politique. Rappelant ses engagements lorsqu'il était désigné Premier ministre en mai 2017, Abdelmadjid Tebboune a promis qu'il "continuera à lutter contre le mélange de l'argent et de la politique". "Je lutterai contre la chkara", a-t-il insisté. À ceux qui lui rappellent qu'il fait partie des hommes du système, Abdelmadjid Tebboune répond qu'il fait partie des "premiers" qui ont lutté "contre le système". "On ne peut pas comparer ceux qui ont dénoncé avant (le début du hirak, ndlr) et après. J'ai été parmi les premiers à dénoncer le système. C'était difficile. J'ai été puni pour cela ; mon fils l'a été également", a-t-il fulminé, référence à la détention de son fils dans l'affaire "le boucher". Pire, il rappelle que les représailles de l'ancien système sont allées jusqu'à "supprimer mes portraits" du hall du Palais du gouvernement. Malgré cette amertume, Abdelmadjid Tebboune refuse de polémiquer. Même à Ali Benflis qui, à quelques mètres de là, affirmait que la candidature de Tebboune "équivalait à un cinquième mandat sans Bouteflika", l'homme s'est montré conciliant. "Les temps sont difficiles, ce n'est pas le moment de la polémique et du refus de l'autre", ajoutera-t-il. "Le citoyen algérien connaît qui est qui. Il attend des solutions, pas la diffamation et l'exclusion", a-t-il enchaîné. Dans son élan, l'homme a promis "plus de liberté" pour la presse et "plus de démocratie pour le pays". Mais il réserve "plus de détails" une fois la campagne électorale lancée.