Des acteurs de la révolution pacifique à Oran ont dénoncé, hier matin, des dépassements commis par certains éléments de la police dans la soirée de vendredi passé. "Ils ont interpellé des porteurs du drapeau amazigh, ont usé de violence verbale contre des manifestants et abusé de violence physique contre un de nos camarades. Leur attitude a été intolérable", se sont insurgés deux avocats du collectif de défense du hirak en présence de quelques manifestants. Tout a commencé à l'issue de la marche lorsque les hirakistes s'apprêtaient à tenir le rassemblement quotidien du forum politique de la place du 1er-Novembre. "Deux porteurs de l'emblème amazigh et un jeune en tee-shirt de la JSK ont été interpellés par la police. Un petit groupe de manifestants s'est immédiatement rendu au siège de la sûreté de wilaya pour exiger leur libération", rapporte l'un des deux juristes. Un premier manifestant est relâché : c'est un insuffisant rénal qui doit obligatoirement prendre sa médication à 20h. Les manifestants qui faisaient le pied de grue pendant un moment déjà, expriment leur joie et espèrent la libération rapide des deux autres. Mais l'attente se prolonge et un second groupe de manifestants arrive pour prêter main-forte à leurs camarades. "Nous donnions de la voix quand des éléments de la police ont traversé la rue pour nous disperser sans ménagement. Trois autres manifestants ont été arrêtés dont Fayçal, un militant engagé et animateur d'une page facebook consacrée au hirak, qui a l'habitude de filmer les marches et toutes les manifestations que nous organisons depuis le début", continue notre interlocuteur. Selon les manifestants que nous avons rencontrés hier, dont deux qui avaient été interpellés au cours du rassemblement, le jeune Fayçal a été violemment brutalisé. "Des policiers se sont acharnés sur lui à l'intérieur du commissariat central", nous ont-ils affirmé en dénonçant cette soudaine et inédite brutalité des policiers à Oran. "C'est une attitude intolérable de la part d'éléments sécuritaires censés protéger les biens et les personnes", continue l'avocat en mettant les autorités devant leurs responsabilités : "J'ai été moi-même pris à partie par un officier de police qui m'a accusé d'être l'instigateur du rassemblement et menacé de m'arrêter." C'est la première fois depuis le début de la révolution pacifique que pareils actes de violences sont signalés à Oran. Même lorsque des instructions avaient été données pour faire la chasse aux porteurs de l'emblème amazigh, aucun manifestant interpellé n'a été violenté, encore moins agressé physiquement. "Des policiers nous ont menacés de prison pour attroupement et atteinte à l'ordre public alors que nous avons juste demandé la libération des personnes arrêtées. J'ai senti que l'on voulait nous dissuader de poursuivre le hirak", a indiqué l'un des manifestants interpellés. À l'exception du jeune Fayçal qui a été libéré hier matin, tous les autres l'ont été la veille après un examen de situation.