Le soutien du Parlement européen au mouvement populaire en cours dans le pays depuis le mois de février écoulé n'est pas du goût des députés islamistes de l'Alliance Ennahda-El Adala-El Bina. En réaction à l'annonce faite par Mme Marie Aréna, présidente de la sous-commission européenne des droits de l'Homme, consistant en l'organisation d'"auditions avec un certain nombre d'acteurs de la révolution actuelle en Algérie", le groupe parlementaire de l'Alliance islamiste s'est dit "étonné par le timing et l'usage" qui "est fait des nouvelles déclarations et positions du Parlement européen dont les députés prétendent maintenant accorder de l'intérêt à la situation en Algérie, proposant leur soutien au hirak et affichant leur disposition à accueillir ses représentants". Le communiqué du groupe auquel appartient Slimane Chénine, président de la Chambre basse du Parlement, a ajouté que "devant une telle position provocatrice pour notre peuple dans cette conjoncture délicate, nous, groupe parlementaire Nahda-Adala-Bina, appelons ces députés à s'occuper des droits de leurs peuples qui continuent à manifester dans certaines capitales européennes avec une certaine violence et contre-violence". Les députés de l'Alliance Ennahda-El Adala-El Bina considèrent que "le peuple algérien libre a choisi la voie pacifique et civilisée pour mener sa révolution", estimant qu'"il n'a jamais sollicité de quelque partie que ce soit des leçons ou des conseils concernant ses affaires internes. Il dispose de la volonté et de l'expérience nécessaires pour surpasser tous les obstacles et saura trouver son chemin vers une sortie de crise en douceur et vers le changement d'un système politique dont certains des clans obtenaient le soutien et le feu vert d'entités et d'Etats qui se jouaient des intérêts de notre peuple et de notre pays". Tout en dénonçant "énergiquement" la position prise par le Parlement européen, l'Alliance islamiste se dit "refuser catégoriquement toute ingérence de quelque partie que ce soit dans les affaires internes de notre pays et l'exploitation de la fibre sensible de notre jeunesse afin de la pousser vers des dérapages aux conséquences désastreuses". "Le hirak algérien, qui a émerveillé le monde par son pacifisme, son civisme et la qualité de ses revendications, est capable de mener le pays vers la solution idoine et la plus sûre pour régler ses problèmes internes et n'a nul besoin d'injonctions externes trompeuses et provocatrices", a ajouté le communiqué. Pour rappel, dans sa déclaration, Marie Aréna a souligné : "Nous sommes le 27 septembre aujourd'hui, et c'est la 32e manifestation organisée en Algérie contre le régime actuel", ajoutant qu'"aujourd'hui, les manifestants, ce sont des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes qui demandent la démocratie en Algérie". "Nous les soutenons ici au Parlement européen en organisant des auditions avec un certain nombre d'acteurs de la révolution actuelle en Algérie, qui demandent, effectivement, que des élections soient organisées, mais pas sous le modèle actuel, pas sous le régime actuel et pas avec ses règles", a-t-elle informé.