Le parti islamiste MSP a tranché hier, à l'issue de son majlis echoura, pour une non-participation à l'élection présidentielle du 12 décembre. Son président Abderrezak Makri a justifié cette position par l'absence de conditions pour une consultation électorale régulière et transparente. "Même si nous sommes d'accord pour le principe de la tenue de cette élection, nous ne pouvons pas y participer car les conditions d'une élection démocratique dont l'installation d'une instance indépendante telle que nous l'avons toujours réclamé ne sont pas encore réunies", a-t-il affirmé, dénonçant, en outre, "le maintien des niches de la fraude électorale". Il incrimine, à ce titre, l'absence d'une volonté politique pour aller vers une compétition électorale saine. Pour lui, dans les conditions actuelles, "personne n'a de chance face au candidat du pouvoir". En décodé, le MSP affirme, on ne peut plus clairement, que les jeux seraient faits. À la question de savoir si son parti soutiendrait un candidat lors de cette élection, Makri est catégorique : "Nous n'allons soutenir aucun candidat." Néanmoins le MSP ne rejette pas le principe d'une élection présidentielle comme solution à la crise que vit le pays. Animant une conférence de presse, Makri a justifié son adhésion à l'idée d'une présidentielle par le fait que l'option serait souhaitée par "la grande majorité du peuple". Il a voulu pour preuve "un travail de prospection" qu'il dit avoir mené à travers les 48 wilayas. Pour lui, les milliers, voire les millions d'Algériens, qui manifestent chaque vendredi et expriment clairement leur rejet catégorique de toute élection sous l'égide de la même bande au pouvoir ne seraient qu'une minorité devant le reste des Algériens qu'il qualifie de "forces silencieuses". "En Algérie, il y a les forces militantes qui s'expriment à travers le hirak et les forces silencieuses, lesquelles représentent la grande majorité des Algériens. Et cette dernière est favorable à la tenue de l'élection du 12 décembre. Nous l'avons vérifié à la suite d'un travail de prospection mené dans les 48 wilayas. De ce fait, nous ne pouvons que respecter le choix de cette majorité. Pour autant, nous sommes aussi du côté du hirak dont les revendications restent tout aussi légitimes", s'est défendu Makri face à l'insistance des représentants des médias. Cela, quand bien même Makri se déclarerait militer pour la solution consistant à trouver un "consensus entre le pouvoir et l'opposition" plutôt que d'aller directement vers cette élection. "La meilleure solution serait de trouver un consensus avec le pouvoir. Mais en l'absence de cette solution, nous n'avons plus qu'à accepter cette élection", a-t-il dit.