L'agence nationale Alnaft a signé hier à Alger une convention avec la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil, portant sur "l'évaluation du potentiel en hydrocarbures des bassins du domaine minier du Sahara". Alnaft ne précise, cependant, pas de quel type d'hydrocarbures (conventionnel ou non conventionnel) il s'agit. Ali Kefaïfi, expert en énergie, contacté par Liberté, estime qu'il ne peut s'agir que d'hydrocarbures conventionnels, soulignant qu'il y a encore du pétrole et du gaz dans les entrailles du Sahara algérien, ainsi que dans la partie nord du pays. L'expert a indiqué que Hassi Messaoud renferme 41 milliards de barils de brut et que le pays n'en a tiré que 6 milliards et qu'il peut en extraire 8 milliards s'il utilise des technologies plus pointues en matière de récupération. Ali Kefaïfi recommande d'aller vers la récupération tertiaire et d'explorer le Nord (Djemila, Tiaret, Sour El-Ghozlane…), mais pas dans l'offshore. Dans une communication sur la transition énergétique présentée, il y a quelques années par Abdelmadjid Attar, expert également en énergie, celui-ci avait indiqué que les réserves restantes à 2012 avaient été estimées à 2,5 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP). Il avait, par ailleurs, ajouté que même si le territoire est considéré comme sous-exploré, alors qu'il est couvert à 64% par des permis de prospection et de recherche, on constate que le potentiel conventionnel résiduel est en train d'évoluer négativement depuis une décennie. Seules les études à venir vont permettre de mieux mesurer le potentiel que recèlent les régions du Sud et du Nord. La signature de la convention d'hier fait de l'américain ExxonMobil la quatrième compagnie multinationale à rejoindre Alnaft dans l'étude d'évaluation, après l'italien ENI, le français Total et le norvégien Equinor. Alnaft souligne, dans un communiqué, qu'ExxonMobil montre ainsi son intérêt, à l'instar des autres compagnies, au domaine minier algérien des hydrocarbures qui recèle encore d'importantes ressources en hydrocarbures. Elle ajoute que l'apport d'ENI, de Total, d'Equinor et d'ExxonMobil consolidera l'expertise déjà mobilisée par Alnaft avec Beicip-Franlab pour le succès de l'étude en cours de réalisation. Cela permettra, sans doute, poursuit-elle, d'améliorer la prospectivité du domaine minier algérien des hydrocarbures. Ce partenariat vise à améliorer la qualité et la fiabilité des résultats de l'étude objet du contrat conclu entre Alnaft et Beicip-Franlab, le 10 septembre 2017, à la suite d'un appel d'offres. Alnaft rappelle que la première phase de cette étude clôturée en juin 2019 a montré un potentiel qui place l'Algérie aux premiers rangs mondiaux en termes de ressources en hydrocarbures générés. Cette phase a porté sur l'évaluation régionale de l'ensemble des bassins du Sahara et a permis d'identifier les zones les plus prometteuses. La deuxième phase, dont les résultats finals sont prévus au premier semestre 2020, est consacrée à l'évaluation de détail de ces zones prometteuses et qui feront objet d'appels à la concurrence pour la conclusion de contrats de recherche et d'exploitation. Alnaft considère cet engagement comme un premier pas d'ExxonMobil, en Algérie, pour la prospection d'opportunités dans la recherche et l'exploitation des hydrocarbures. Des opportunités, Chevron, une autre compagnie américaine, en cherche également en Algérie. Une délégation de responsables et d'experts de la compagnie américaine a, d'ailleurs, séjourné la semaine dernière en Algérie, en vue d'examiner avec les responsables de Sonatrach les domaines de partenariat possibles entre les deux sociétés.