Les syndicalistes de l'UGTA posent le problème de l'allègement des contraintes liées aux tâches domestiques et celui de l'amélioration du niveau d'activité. L'histoire du travail des femmes algériennes est marquée à la fois par des avancées et des stagnations. Sur le plan théorique, il n'y a rien à dire, la Constitution de 1989 et les différentes lois régissant le monde du travail, ainsi que les conventions internationales ratifiées par l'Algérie, excluent toute discrimination entre les deux sexes. Pourtant, la réalité économique et sociale est autre, laissant de plus en plus la place aux écarts de salaires, aux différences de carrières, aux harcèlements sexuels et aux autres ségrégations. De nombreuses études et enquêtes montrent que l'accès des femmes à la vie active n'échappe point aux contraintes socioculturelles, au poids de la charge des travaux domestiques, aux effets néfastes du code de la famille et à la crise de l'emploi générée par les réformes et les restructurations de l'économie nationale. En septembre 2001, la population active féminine est estimée à plus de 1,2 million de femmes, alors que le nombre des femmes en âge de travailler (pour la tranche d'âge de 16 à 60 ans) dépasse les 8 millions de personnes. Au cours de la même année, les chiffres officiels indiquent que plus de 404 000 femmes sont au chômage, soit 17,29% des 2,3 millions de chômeurs algériens. Ils montrent également que 80,98% des femmes chômeuses sont issues du milieu urbain, contre 19,02% de femmes rurales. Cet écart met en exergue, comme on le voit, la concentration des activités économiques non agricoles dans les villes et sous-estime, dans le même temps, l'activité féminine, notamment dans le milieu rural. Les dernières enquêtes consacrées aux femmes signalent l'émergence d'un chômage d'insertion, puisque les femmes demandeuses d'emploi (plus de 70%) sont, dans leur majorité, célibataires et âgées de moins de 30 ans. Elles révèlent aussi la concentration des femmes travailleuses dans le domaine des services (services sociaux, santé, administrations, commerces…) et dans le secteur étatique. De tels résultats ont de quoi inquiéter, dans un contexte de remise en cause du secteur étatique, où, fait paradoxal, les Algériennes revendiquent la revalorisation de leur statut social, leur indépendance et, surtout, leur autonomie financière. La mise sur pied, à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), de la commission des femmes travailleuses, la création d'associations de femmes chefs d'entreprise et l'installation d'un secrétariat d'Etat chargé de la famille et de la condition féminine, sont considérées, aujourd'hui, comme des “signes forts” de la prise de conscience de la contribution des Algériennes au développement et de leur participation dans le mouvement revendicatif et syndical. Pour le groupe des femmes syndicalistes de l'UGTA, l'amélioration de l'emploi féminin passe, dans les conditions présentes, par la reconnaissance du rôle de la femme dans le processus de développement économique et social, l'allégement des contraintes liées aux tâches domestiques et l'amélioration du niveau d'activité, à travers l'augmentation de l'auto-emploi féminin et la création de microentreprises. Et, c'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative menée conjointement par l'UGTA et la direction Actrav du Bureau international du travail (BIT), qui porte sur le projet “Universitas” en Algérie. H. A.