La commémoration du 31e anniversaire de la révolte du 5 Octobre 1988 a été célébrée comme il se doit à Bouira, où des dizaines de milliers de citoyens de la daïra de M'chedallah ainsi que les avocats ont battu le pavé pour dénoncer les "dérives" du système et surtout réitérer leur refus catégorique de l'élection présidentielle du 12 décembre. À M'chedallah, ce sont des milliers de citoyens, 15 000 selon les organisateurs, qui ont sillonné les artères de la ville pour exprimer leur rejet de l'élection présidentielle et exiger la libération des détenus d'opinion. Ainsi, c'est vers 10h que des centaines de manifestants ont afflué des quatre coins de la daïra et convergé vers le lieu de ralliement fixé à l'intersection de Bouaâklan pour donner le coup d'envoi de cette marche, laquelle s'annonçait grandiose. Le slogan phare de la marche d'hier était : "Nous sommes tous les enfants d'Octobre 1988." "31 ans sont passés après la révolte de la jeunesse d'Octobre et nous sommes toujours en quête des revendications soulevées à l'époque : plus de liberté, plus de démocratie", dira Azzedine, un jeune militant de l'association RAJ de Bouira. Pour d'autres, l'urgence, selon eux, n'est pas d'organiser l'élection présidentielle, mais plutôt de mettre le pays sur la voie de la transition démocratique. "La seule et unique solution à la crise actuelle est de passer directement vers un conseil de transition. Pour ce faire, le départ du gouvernement de Bedoui est une condition sine qua non", souligne Karim Adrar, un autre manifestant qui brandissait une pancarte où il était écrit "Ulac l'vot ulac". "Nos revendications sont claires et limpides : on veut bâtir une nouvelle Algérie avec un nouveau système, de nouvelles figures et sur des bases saines", a-t-il, en outre, souligné. Un peu plus tôt, les avocats de la wilaya de Bouira avaient organisé un rassemblement devant la cour de justice, suivi d'une marche qui les a menés vers le siège de la wilaya, et ce, en réponse au mot d'ordre national de l'Union nationale de l'ordre des avocats (Unoa). En effet, ce sont plusieurs dizaines d'avocats qui se sont rassemblés à proximité de la cour de justice locale, munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire notamment : "L'organisation des avocats de Bouira veut une solution politique", "La défense, la voix du peuple", "L'avocat, défenseur des libertés". Ainsi, les représentants de la défense à l'échelle de la wilaya ont, une nouvelle fois, appelé le gouvernement de Bedoui à démissionner. "Nous réitérons notre engagement en faveur du peuple et ses revendications et nous demandons à M. Bedoui ainsi qu'aux membres de son gouvernement illégitime de démissionner", a souligné la bâtonnière de Bouira Mme Sidhoum. Cette dernière a également mis en exergue le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. "Nous sommes contre ces élections qui sont un pied de nez et une provocation à l'encontre de tout un peuple", a-t-elle tenu à préciser. Pour elle, les arrestations "arbitraires" doivent cesser et les détenus d'opinion doivent être "immédiatement libérés". RAMDANE BOURAHLA