La mobilisation n'a pas dérogé à la tradition établie depuis le début du mouvement citoyen. Dans un contexte foncièrement hostile marqué par une multiplication sans précédent d'arrestations de manifestants pacifiques et de condamnations par une justice plus que jamais décriée par le hirak, les Constantinois ont fait entendre, encore une fois, leur voix. Celle du rejet catégorique de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain et de l'attachement aux revendications citoyennes dont le départ des figures du régime politique, l'indépendance de la justice et la libération des détenus d'opinion et des activistes du hirak emprisonnés. Cette dernière revendication a été pour ce 34e vendredi de marche, le point d'orgue d'une majorité de slogans ou de mots d'ordre scandés par les manifestants ou encore explicitement exprimée sur les pancartes brandies et les banderoles déployées par les marcheurs. Hommes, femmes et enfants représentatifs de toutes les strates de la société ont également crié à l'unisson "Dawla madania machi âaskaria". Cette marche a coïncidé avec l'installation, dans la matinée au siège du Parti des travailleurs, du comité de wilaya de Constantine du Pacte de l'alternative démocratique en présence de représentants locaux des forces politiques et de responsables nationaux de formations politiques parties prenantes de ce pacte. Sous le slogan "Libérez le peuple algérien, libérez Louisa Hanoune", cette installation a été l'occasion pour les intervenants d'évoquer les mérites du peuple algérien qui n'a plus, selon Ali Laskri, "aucune leçon de patriotisme à recevoir de quiconque car il a, dit-il, entamé une révolution qui ne va pas s'arrêter et ils (les tenants du pouvoir) se trompent à vouloir organiser une élection présidentielle contre la volonté du peuple en le terrorisant". Un peuple qui est, selon le même orateur, "uni et consensuel autour des objectifs de changement radical du système politique dans le pays et l'instauration d'un Etat civil au sens propre du terme". Car pour Ali Laskri "il est inadmissible dans l'Algérie de 2019 que le pays soit géré par les desiderata du chef d'état-major de l'armée qui sont appliqués à la lettre et par le gouvernement et par le chef de l'Etat par intérim". Réagissant à la répression et aux arrestations de manifestants, le dirigeant du FFS dira sans ambages qu'il s'agit d'un "régime maffieux qui utilise des méthodes coloniales à travers les enlèvements, les emprisonnements et les jugements sommaires de manifestants pacifiques". Ali Laskri ainsi que les présents à ce conclave ont rejoint en début d'après-midi les marcheurs constantinois pour sillonner les artères de la Ville des Ponts parmi des milliers de citoyens qui ont pris part à ce 34e acte de mobilisation.