Le hirak fi Boumerdès rahou labès» (Le mouvement de contestation va bien à Boumerdès), c'est par ce message que les citoyens de la ville du Rocher noir ont tenu à prouver leur détermination à poursuivre le combat pour la liberté et la démocratie, et ont rejeté le scrutin du 12 décembre à travers le leitmotiv : «Dégage Gaïd Salah, cette année il n'y aura pas de vote !» Suite à un briefing, la procession a été entamée par le chant de l'hymne national. Puis, la foule se libéra : «Vous avez vendu le pays, traîtres !» Les banderoles ne laissaient aucun doute sur les causes de ce cri du cœur : «Non au projet de révision de la loi sur les hydrocarbures» A peine voilée, l'allusion était faite aux dernières déclarations du ministre de l'Energie concernant «la concertation avec des firmes pétrolières dans l'échafaudage du contenu sur la loi des hydrocarbures». Une jeune fille scandalisée s'interrogeait : «Comment en est-on arrivé si bas ? C'est la souveraineté nationale qui a été bafouée !» Arrivés devant l'Institut national des hydrocarbures (INH), un autre symbole de l'indépendance, une autre halte allait être marquée. Les marcheurs s'arrêtèrent à l'endroit même où le drapeau algérien avait été hissé pour la première fois au temps du Gouvernement provisoire de la jeune République algérienne (GPRA). Après une brève allocution, l'hymne national Qassaman a été entonné. Des voix fusèrent : «Les généraux à la poubelle, l'Algérie indépendante !» Une pensée est allée aux incarcérés pour délit d'opinion : «Libérez nos frères !» ou encore «Mettez les fils de Gaïd en prison et libérez nos enfants !». Les citoyens du hirak ont aussi exprimé leur refus d'être dupés quant aux arrestations des figures du pouvoir déchu : «Holé Holà, nous, nous les enlevons et vous, vous les protégez !». Le lieu du rassemblement final est devenu par habitude le siège de la cour de justice. Un cordon sécuritaire en interdisait le dernier palier. Les marches de l'escalier ont été quand même adoptées comme amphithéâtre avec une tribune pour scander : «Libérez la justice» avant de réitérer «A Boumerdès, il n'y aura pas de vote !» Un vétéran de la lutte de libération nationale et vieux militant de la cause nationaliste, qui avait été à l'origine de l'éclatement de plusieurs scandales, dont celui de l'affaire du D15 ayant éclaboussé la douane algérienne vers la fin des années 1980, à l'instar de ce qu'a été Mellouk dans l'affaire des faux magistrats et des faux moudjahidine, Abdelkader Sehabi, s'est dit «écœuré» par l'attitude de Gaïd Salah. «Je lui ai adressé une lettre ouverte sur mon compte Facebook pour lui rappeler certains faits, lui qui se prétend un moudjahid», a-t-il insisté à faire savoir. Pour lui, comme pour tous les autres, une question reste posée : «Où va l'Algérie ?»