Emprisonnée et torturée à plusieurs reprises, Nna Fatima Kachebi, native du village Tassafite dans la commune de Toudja (wilaya de Béjaïa), un certain 11 juin 1936, est une légende vivante. Cette brave dame octogénaire restera un symbole de la résistance féminine contre le colonisateur français. Aujourd'hui, en dépit de son âge avancé et malgré son état de santé qui s'est manifestement dégradé, cette valeureuse moudjahida se souvient encore des exactions subies durant la guerre de Libération nationale. "Je me souviens comme c'était hier de tout ce qu'on a enduré pendant les longues années de la Révolution. En me rappelant des actes de violence commis par les forces coloniales, notamment les sévices que j'avais moi-même subis lors de mes arrestations, je n'aurais jamais cru à la survie ! Mais grâce à Dieu et à la capacité de résilience du peuple algérien, nous avons pu relever le défi de la résistance. Et finalement, nos sacrifices n'ont pas été vains ! Le recouvrement de l'indépendance de notre chère Algérie n'avait pas de prix", nous relate d'une voix nouée Nna Fatima. Joignant l'acte à la parole, cette octogénaire a tenu à nous exhiber tous les documents en sa possession, attestant sa condamnation et son emprisonnement par l'administration française. Ainsi, selon les documents présentés, elle fut d'abord détenue à la maison d'arrêt de Constantine durant la période allant du 29 août 1961 au 31 mars 1962, après avoir été condamnée par le tribunal permanent des forces armées de Sétif, le 17 novembre 1960, à deux ans de prison ferme, pour "atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat". C'était dans ce pénitencier constantinois qu'elle fut torturée par des éléments de l'armée coloniale. Amnistiée le 31 mars 1962 par décret du 22 mars 1962, à la faveur du cessez-le-feu du 19 mars 1962, Mme Fatima Kachebi fut déjà détenue auparavant à la maison d'arrêt de Béjaïa du 16 septembre 1960 au 19 octobre 1960, avant d'être transférée à la prison de Sétif, où elle restera en détention jusqu'au 29 août 1961, jour de son transfert à la maison d'arrêt de Constantine. Notons enfin que l'époux de cette ancienne combattante, dénommé Si Hocine Kachebi, est, lui aussi, un grand moudjahid qui fut derrière l'opération de destruction du dépôt de carburant de Rouen (France). Originaire du même village que sa femme, ce manœuvre de profession était membre de l'Organisation spéciale de la Fédération de France du FLN. Après l'attentat de Rouen, il fut condamné par le tribunal permanent des forces armées de Lille, le 19 février 1960, aux "travaux forcés à perpétuité", sous le chef d'accusation de "destruction et détérioration volontaires de constructions susceptibles d'être employées pour la défense nationale". Au lendemain de l'indépendance, le couple combattant s'installa à Aïn Benian, dans la banlieue algéroise, où il mène une vie très modeste, loin des feux de la rampe !