Décidément, le maintien du mandat de dépôt des manifestants du hirak est quasiment érigé en règle, notamment à la chambre d'accusation près la cour d'Alger. Hier encore, ils étaient trois détenus à faire les frais de cette "juridiction d'exception". Smaïl Chebili, étudiant en médecine dentaire de Tizi Ouzou, arrêté le 27 septembre dernier à Alger, à l'occasion du 27e vendredi du hirak, et les deux militants de l'association Rassemblement Actions Jeunesse, (RAJ), Ahcène Kadid et Karim Boutata, arrêtés, eux, le jeudi 26 septembre, alors qu'ils participaient à un rassemblement pour la libération des détenus d'opinion tenu devant le tribunal de Sidi M'hamed à Alger, l'ont vérifié à leurs dépens. En effet, la chambre d'accusation a rejeté la requête déposée par la défense et décidé le maintien en détention préventive des trois prévenus. Âgé de 24 ans, Smaïl Chebili s'est fait arrêter pour avoir mis l'emblème amazigh comme cache-col et le drapeau national sur le dos. Son statut d'étudiant, qui a incité le collectif d'avocats bénévoles de reprendre avec leurs plaidoiries suspendues depuis juin dernier, pour défendre sa cause, hier, n'a pas été pris en compte par les juges. Si aucune loi de la République n'incrimine le port de l'emblème amazigh, les détenus pour ce motif sont poursuivis à tort pour "atteinte à l'unité nationale". Les deux militants du RAJ, dont les dossiers ont été examinés en l'absence de la défense, sont, quant à eux, poursuivis pour "atteinte à l'intégrité territoriale par diffusion des vidéos sur facebook" et "port de pancartes et slogans attentatoires à l'unité nationale". Pour justifier ces accusations "non fondées", dénoncent les avocats, les juges ont fait valoir les articles 76 et 79 du code pénal. Le nombre de détenus d'opinion, militants politiques et manifestants du hirak, faut-il le signaler, s'élève, aujourd'hui, à plus d'une centaine, dont la grande majorité est incarcérée à la prison d'El-Harrach.